Ce témoignage est glaçant. Parce que des Hassan Butt, il en pullule dans certains quartiers de Londres ou de Manchester. Instruit et aisé, ce jeune islamiste radical anglo-pakistanais n'a qu'un but: être "irhabiyum", terroriste...
"Je crève d'angoisse de mourir de mort naturelle."
Cinq ans après le 11 septembre américain, on a échappé de justesse à un "10 août" britannique. La police et les services secrets ont déjoué le plan d'islamistes qui voulaient faire exploser neuf avions au départ de l'aéroport de Heathrow à destination des USA, à l'aide d'explosifs liquides. Tous les suspects britanniques sont d'origine pakistanaise, comme certains auteurs de l'attentat suicide du 7 juillet 2005 dans le métro de Londres.
Le journaliste Aatish Taseer a lui aussi des racines pakistanaises. Depuis un moment, il tente de comprendre pourquoi ces jeunes Pakistanais britanniques, immigrés de la seconde génération, aboutissent au radicalisme. Pour ce faire, il a notamment rencontré Hassan Butt, 27 ans, un Anglo-Pakistanais qui aurait recruté des centaines de volontaires pour combattre en Afghanistan et en Irak.
Butt connaît son "heure de gloire" en décembre 2002 lorsque, après une action de recrutement, il quitte Lahore, au Pakistan, pour l'Angleterre. On l'arrête à sa descente d'avion; son passeport est retiré. Depuis, l'homme est surveillé en permanence. Hassan Butt est considéré comme un "aspirant" terroriste très dangereux. Au moment où Aatish Taseer le questionne à Manchester, il n'a toujours pas récupéré son passeport. Il porte la djellaba et la barbe. Il est affable. Butt est venu chercher Taseer à la gare. Ils vont "Chez Sanam", un restaurant situé sur le "Currymile" de Manchester, où l'on ne sert pas d'alcool. Ici, chacun le connaît et le salue comme une célébrité.
Pourquoi acceptez-vous d'être interviewé?
Hassan Butt - Je comprends le pouvoir des médias. Plus on se montre, mieux c'est. Si dix personnes me critiquent et qu'il n'y en a qu'une qui est d'accord avec moi, j'ai atteint mon but. Avant, j'étais membre d'Al-Muhajiroun ("Les Emigrants", un groupe extrémiste installé en Grande-Bretagne), mais je les ai quittés car nous avions une divergence d'opinions. D'après eux, les musulmans britanniques n'ont pas le droit d'entreprendre des actions militaires (des attentats) en Grande-Bretagne. Si un musulman britannique commet un attentat ici, ça ne me pose aucun problème. Du point de vue de l'islam, j'aurais le devoir de soutenir cette action et de la louer. La plupart de nos jeunes sont citoyens britanniques. Mais ils n'ont pas demandé à naître ici.
