PTDR la critique de la DH, le type qui a fait ça est
Quand le cinéma épouse la voie du jeu vidéo, ça débouche souvent sur un divorce
BRUXELLES Ça doit faire 20 années qu’ils se draguent. Jeu vidéo et cinéma se flairent la truffe depuis deux décennies. 175.200 heures.
Soit, à échelle de gamer, 1.460 fois le temps de finir un Final Fantasy 7 à 100 %.
Et force est de constater qu’en vingt ans, l’union des deux genres a beaucoup plus souvent débouché sur le pire que sur le meilleur. L’idylle commence véritablement en 1982, avec le génial Tron. Là, on s’était dit banco : plein de beaux enfants, un tas de pognon pour les jeunes mariés. Sauf que la passion du premier film s’est vite estompée : par la suite, Hollywood a commis Super Mario Bros, Lara Croft, Street Fighter, Mortal Kombat, puis plus récemment les trop fadasses Hitman, Resident Evil, Max Payne et, actualité des salles qui nous occupe, Prince Of Persia.
Filmés à la truelle par des réalisateurs en mousse, leurs héros étaient pleurés par les accros du joystick. C’est que le défi est plus complexe qu’il n’y paraît : comment donner une substance à un personnage comme Mario, qui n’en a pas besoin dans ses aventures vidéoludiques ?
Comment retranscrire la jouissance d’un saut de plate-forme ou d’un taïoken bien placé, installé dans son siège en velours, bouche toute pop-cornifiée ? D’évidence, le défi est périlleux.
Ce qui est donc étonnant, ce n’est donc pas qu’une flopée de films made in gamepad soient loupés, ou passent à côté de l’âme de leur support original.
Non, c’est plutôt de constater à quel point, motivés par le dieu dollar, les producteurs n’en finissent pas d’insister.
Il y eut en fait trois grandes époques : celle où le cinéma inspirait le jeu vidéo, comme c’est toujours le cas. Batman, Ghostbusters, Rocky.
Celle où le cinéma s’inspire du jeu vidéo pour tisser sa Toile. C’est la plus catastrophique des trois et hormis, par brefs instants, Silent Hill, on n’a pas encore pris la moitié du plaisir avec ce genre de film que manette en main, sur le jeu dont ils s’inspirent. Prince of Persia, en salles aujourd’hui, rallonge malheureusement la liste de ces relatifs nanars.
Puis, enfin, et cette école est beaucoup plus récente, celle du jeu vidéo qui se fait, tout seul, son propre cinéma. Le récent Heavy Rain (PS3), multirécompensé, est sans doute le meilleur porte-étendard de cette nouvelle tendance où le jeu développe son propre scénario, ses propres embranchements. Donnant une vraie épaisseur aux personnages et à l’intrigue (des scénaristes réputés s’y collent d’ailleurs, pas sûr que ce soit le cas sur Donkey Kong jadis…). Alan Wake, récemment sorti sur Xbox 360, est du même acabit.
En conclusion, non pas qu’on soit contre le mélange des genres, mais peut-être que, finalement, concernant le cinéma et le jeu vidéo, faire chambre séparée est le meilleur des compromis. Du moins si l’on veut éviter les bébés difformes.
Alexis Carantonis