Non mais moi je ne crache sur rien, surtout pas sur les artistes que tu cites
Mais je veux bien répondre même si je t'invite à regarder la vidéo que j'ai placée plus, car je trouve que le mec analyse bien la situation et tu verras c'est un connaisseur.
Je vais parler surtout de rap français car c'est ce que je connais.
Avant le rap français c'était du rap conscient :
* des textes revendicatifs avec un message
* un beat samplé simpliste juste pour donner un rythme
* des thématiques limitées : la rue, la drogue, de la testostérone, le quartier
* quasi systématiquement un mec qui se cale sur le beat et débite super vite ses trucs jusqu'à ne plus savoir respirer.
* des flows assez similaires inspirés des USA
C'était vraiment sympa, on a eu des textes magnifiques, des artistes dingues : Lunatic, LIM, Surikn, Flynt, Arsenik et aussi un tas de trucs vraiment bidon.
Aujourd'hui le rap dévie d'un tas de choses :
* la trap s'est imposé avec ses compositions musicales électroniques plus sophistiquées, musicalement bien plus travaillé que les beats de l'époque
* les univers sont étoffés, la rue n'est plus le sujet exclusif, les rappeurs peuvent parler d'amour, de truc geek, de manga
* les flows sont devenus super techniques, les rappeurs apprennent sur YouTube et puisent leurs inspirations dans un tas de chose
* Damso par exemple maitrise un tas de flows différents et un tas de genre, si tu prends la peine d'écouter Ipseité, tu verras différent style : du kick pure, des trucs chantés, des trucs lents, des sonorités africaines, électro, du conceptuel.
* Post prod : les sons sont travaillés en post-prod avec des incrust et des trucs complexes qui donnent une musicalité toute différente
* La punchline : on le considère plus vraiment le texte dans son exemple, mais bien les punchlines qui compose le texte. Comme des citations
J'ai l'impression que le rap n'est plus un outil de revendication, mais un art à part entière, les limites ne sont plus : tu peux être gay, chanter des trucs de nana, être un bourgeois, être vieux
.
Puis t'as des ovnis qui débarquent :
PNL fait un espèce de cloud rap complètement en marge des standards des années 90 dont les codes sont difficiles à appréhender. J'ai vraiment eu du mal à me faire au voocorder pour ma part car c'était souvent un cache-misère dans les années 2000.
Si tu écoutes au DD : le petit son à la gratte de l'intro, les sons planant, les couplets du milieu, le rendu visuel du clip : on est quand même sur du haut niveau. Et le mecs représentent mieux la rue que n'importe qui d'autre : pourtant avec des longs cheveux et compagnie
Maintenant les rappeurs en jouent et l'autotune devient un artifice qui sublime le reste.
T'as des mecs qui rappent sur un fond de guitare, sur un beat house, alors ça peut te déranger car ça correspond pas à l'image que tu t'es faites du rap mais au final depuis les années 90 le rap c'est une musique de freestyler qui mélange tout et n'importe quoi en mode débrouille et qui représente les minorités.
Les minorités en 2020 n'ont plus le même état d'esprit que 1990, leur musique est à leur image avec l'appuie d'Internet, YouTube et compagnie.
Aux USA c'est pareil aussi, le rap américain change énormément avec Young Thug, Travis Scott et les rappeurs soundcloud.
Tu peux ne pas aimer cette nouvelle vague et préférer tes classiques, mais si tu te donnes la peine d'essayer de comprendre les codes y'a une richesse incroyable aujourd'hui je trouve.
Moi-même y'a encore pas si longtemps dès que j'entendais de l'auto-tune je zappais sans même écouter.
Bref, moi je suis content de voir le rap là où il est maintenant.