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Quand une élue binchoise signale un contrôle de police et ne voit pas où est le problèmeQqun a l’article? Je suis abonné au soir mais pas à la lobre![]()
Stéphane Tassin
5 - 6 minutes
Une chronique "Il n'y a pas de quoi être fier" de Stéphane Tassin.
Du populisme, ça ne peut être que ça. Il semble difficile de trouver un autre mot pour décrire un acte simple et facile posé par une élue hennuyère. Samedi soir, une conseillère communale binchoise, qui était échevine sous la précédente législature et qui travaille au MR, Natacha Leroy, a balancé sur ses réseaux sociaux un message signalant la présence d'un contrôle de police dans son coin.
Certes, le commun des mortels est assez coutumier de ce genre de chose et, fondamentalement, elle n'a rien fait d'illégal en partageant cette information. Néanmoins, cette dame est une élue, rappelons-le, cheffe de file de son parti au conseil communal, qui plus est. À ce titre, le partage d'une telle information a de quoi poser question. Les élus, qu'ils ou elles le veuillent ou non, doivent quand même présenter un comportement exemplaire. Mais dire ça aujourd'hui paraît parfois presque dépassé, incompris, voire insultant pour certains.
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Emprunter une autre route
L'Institut belge pour la sécurité routière (Vias) s'est d'ailleurs agacé, chez nos confrères de Sudpresse, de l'attitude de l'élue libérale. "Elle doit comprendre que ces contrôles policiers sont menés, non pour embêter les gens mais dans le but d'améliorer la sécurité routière et de sauver des vies. Dans notre bâtiment, on héberge l'ASBL Parents d'enfants victimes de la route. Eux, ils savent que l'alcool peut détruire des vies. Si elle est mère de famille, qu'elle y pense ! Avec l'alerte qu'elle a diffusée, les conducteurs vont continuer à boire et auront emprunté une autre route."
Manifestement, l'élue de Binche, 1re suppléante pour la liste MR dans le Hainaut lors du scrutin de juin 2024, s'en moque comme de sa première cuite. Si elle a quand même retiré la publication, elle ne comprend pas le procès qui lui est fait. Mais pourquoi alors avoir retiré cette publication ? Elle considère que ce n'est en rien une faute et, qu'à ses yeux, c'est la même chose que de signaler un obstacle sur la route dans l'application GPS et collaborative Waze. Elle se demande aussi quelle est la différence entre le fait de publier cette information sur ses réseaux sociaux ou dans un groupe WhatsApp – une application de messagerie instantanée – avec des connaissances ? On a envie de lui répondre que sur les réseaux, sa publication étant publique, elle n'a pas le même statut que sur un réseau privé.
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Lorsque nos confrères lui précisent qu'en faisant cela, elle permet à des conducteurs imbibés de choisir une autre route et d'éviter ainsi d'être contrôlés, elle répond avec un certain culot que c'est une "interprétation" de la part du journaliste. Pourquoi le partager alors, si ce n'est pour permettre à certains conducteurs ou conductrices indélicat(e) s de souffler dans le ballon (qui n'en n'est pas un) ? Comme si celui ou celle, qui voyait cette publication décidait quand même de passer par là, en étant en état d'imprégnation alcoolique.
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Irresponsable ?
À une époque où tout un tas de gens que l'on pourrait qualifier de décérébrés, imbibés ou non, continuent à rouler trop vite dans les agglomérations, font la course sur autoroute ou se filment en train de commettre des excès de vitesse, convaincus qu'à eux il ne peut rien arriver, ce type de comportement de la part d'un ou d'une élue n'est-il pas irresponsable ?
Et lorsqu'on est juriste et membre d'un parti qui participe au gouvernement wallon avec pour objectif affiché d'agir "sur la prévention et la sensibilisation, spécifiquement en ce qui concerne les trois principales causes d'accident (conduite sous influence, vitesse et distraction)", n'a-t-on pas le devoir d'être irréprochable sur cette question ?
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On peut bien sûr être élu(e) et avoir une vie privée à côté de la politique, une vie avec une famille et des amis. Des personnes à qui on voudrait peut-être éviter d'avoir des ennuis. C'est humain et aucunement discutable. Mais le publier de manière publique sur un réseau social, c'est une manière de montrer aux électeurs, et sans doute à d'autres sur lesquels on lorgne pour l'avenir, que l'on est un(e) élu(e) serviable. Mais à trop être serviable n'en devient-on pas clientéliste, voire populiste ? Vraiment, on ne trouve pas d'autre mot.