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voici un article de la libre belgique , les 5 raisons de la métamorphose des diables .
1. La classe intrinsèque des Diables. Oui, les Diables Rouges appartiennent à une génération dorée. Jamais, sans doute, l’équipe nationale belge n’a pu compter en ses rangs une telle pléiade de vedettes. A la veille d’Ecosse-Belgique, le "Daily Mail" s’était livré à un petit calcul au sujet de la valeur marchande des joueurs belges emmenés par Wilmots à Glasgow. Il était arrivé au total impressionnant de 330,2 millions d’euros. Eden Hazard a été transféré pour 40 millions d’euros à Chelsea; la valeur du gardien de but Thibaut Courtois est aujourd’hui estimée à 35 millions d’euros; le transfert de Marouane Fellaini a coûté 32,5 millions à Manchester United. Selon les experts il faudra débourser 37 millions d’euros pour acquérir les services de Vincent Kompany, 23 millions pour s’attacher ceux de Vertonghen ou 34 millions pour attirer Witsel. Lukaku et Benteke vaudraient respectivement 20 et 29 millions d’euros, Dembélé 21. Etc, etc.
La Belgique navigue désormais dans des eaux jusqu’ici réservées aux sélections allemande, espagnole ou italienne.
Cela dit, l’argent ne fait ni le bonheur, ni nécessairement les résultats sportifs. La vraie métamorphose de l’équipe belge vient du fait que ses joueurs ont, au contact des championnats où ils évoluent, à commencer bien entendu par le championnat anglais, acquis une dimension nouvelle sur les plans physique et mental.
Ceux qui étaient des joueurs doués et prometteurs sont devenus des footballeurs solides, ambitieux, aguerris, rompus aux joutes européennes, tenus d’être "au top" semaine après semaine. La moyenne d’âge demeure basse mais même les gamins ont des planches.
Cette médaille a toutefois un revers : aujourd’hui, presque tous les Diables évoluent dans les meilleures équipes du continent. Cela prouve leurs qualités mais le côté gênant, c’est qu’ils s’y frottent à une rude concurrence.
Depuis le début de la saison, Dries Mertens, Tobby Alderweireld ou Kevin De Bruyne cirent les bancs de Naples, de l’Atletico Madrid et de Chelsea. C’est le genre de situation qui ne devrait pas se prolonger, sous peine de poser des problèmes à Marc Wilmots.
2. Le sélectionneur. Marc Wilmots, parlons-en. Nous venons de dresser son bilan chiffré. Il est impressionnant. Ni Raymond Goethals, ni Paul Van Himst, ni Dick Advocaat, ni Georges Leekens, ni Robert Waseige ne peuvent afficher des "stats" aussi remarquables.
Pourtant, lorsqu’il a pris les rênes de la sélection, au printemps 2012, Wilmots a suscité des réactions mitigées. Certains ont exprimé ouvertement leurs doutes. "Wilmots, allons, il a échoué à Saint-Trond et à Schalke, depuis plus aucun club de dimension ne s’est intéressé à lui, c’est une baudruche qui va se dégonfler."
Un an et des poussières plus tard, Wilmots a fait taire tous ses détracteurs. Il a montré toute l’étendue de ses qualités. C’est un battant, qui n’accepte pas la défaite. Les deux revers qu’il a connus (en amical, à Wembley et en Roumanie) l’ont empêché de dormir trois nuits durant. C’est un fédérateur. Que ses joueurs parlent français ou néerlandais, il s’en fiche. Ce qui compte, c’est qu’ils se battent les uns pour les autres et pour l’équipe.
Il cultive l’art de motiver tout son groupe, les titulaires comme les réservistes. "Mes réservistes vont faire la différence" fait partie de ses phrases préférées. Il sait faire taire les frustrations, commenter ses choix, tout en affichant une autorité naturelle qui en impose à tous, même aux stars du groupe.
Il a acquis, auprès du public, une popularité sans égale. C’est grâce à ses qualités de franchise et à son bon sens naturel. Ce n’est pas un frimeur, un dissimulateur, un type qui esquive les questions, botte en touche quand les choses ne lui plaisent pas, comme ont pu l’être certains de ses prédécesseurs. Chez lui, un chat s’appelle un chat et cela, le public du football adore.
C’est enfin, et c’est évidemment primordial, un fin tacticien. Sa tactique est claire : les Belges jouent souvent en 4-3-3. Mais il sait s’adapter aux circonstances. Il compte sur quelques incontournables (comme Courtois, Witsel, qu’il a transformé en inamovible demi défensif, Vertonghen et bien sûr Kompany) et utilise toutes ses autres pépites avec une souplesse souvent payante. Si l’un ou l’autre est blessé, il trouve la solution de rechange sans déséquilibrer l’édifice.
Qui est parvenu à faire jouer Hazard en équipe nationale comme en club ? Wilmots. Qui a trouvé un centre-avant buteur, en la personne de Benteke ? Wilmots. Qui a fait de De Bruyne (4 assists et 3 buts) une pièce indispensable à l’échiquier des Diables ? Wilmots.
A plusieurs reprises, ses changements ont été déterminants. En Serbie, Chadli, positionné à gauche, et Hazard, perdu dans l’axe, inversent leurs places et la Belgique prend le dessus. Contre l’Ecosse, la montée au jeu d’Eden Hazard débloque le match. Contre la Serbie, Fellaini, réserviste en Macédoine, est excellent et marque. En Ecosse, Wilmots aligne Defour contre toute attente. Résultat : le "Portugais" ouvre la marque et se montre brillant. Mirallas, déçu de ne pas être titularisé, monte au jeu et fait des ravages sur son flanc. Il inscrira le deuxième but des Diables.
Et on pourrait citer d’autres exemples qui démontrent la faculté d’adaptation de Wilmots.
3. Kompany. On peut vanter les mérites d’un Vermaelen ou d’un Vertonghen, célébrer le talent de Courtois, Hazard ou De Bruyne, insister sur le rendement d’un Witsel, d’un Fellaini ou d’un Benteke mais l’âme des Diables est bel et bien Vincent Kompany - blessé au cours du week-end et incertain pour les deux joutes qui attendent les Diables, NdlR.
C’est leur capitaine et leur patron, leur mentor et leur parrain. Admirable contre la Serbie, où il joua une grande partie du match avec un nez cassé et une commotion cérébrale, impérial lors de la plupart de ses sorties, buteur au Pays de Galles et contre l’Ecosse, Kompany règne sur le vestiaire.
Celui dont certains médias écrivent ou disent qu’il est le principal rival de Bart De Wever développe une immense faculté de communication, en interne mais aussi vis-à-vis du public qu’il a mis dans sa poche, en se montrant grand prince sur le terrain et en-dehors.
4. Les supporters. L’engouement pour les Diables est tout simplement exceptionnel. Jamais sans doute, sélection belge n’a été soutenue comme elle l’est aujourd’hui, au nord comme au sud, par les femmes tout autant que par les hommes, par les plus jeunes et par les trois fois vingt.
C’est une foule enthousiaste et bigarrée qui a pris d’assaut les places de villes et de villages où étaient dressés des écrans géants les soirs de matches. C’est un public très chaud et très nombreux qui envahit désormais les travées du stade du Heysel (les places se vendent plus vite que pour un concert de U2) mais aussi les tribunes des stades adverses. A Glasgow, les Diables ont même eu l’impression d’évoluer à domicile.
Chaque rencontre suscite un pari national un peu fou, qui rencontre, chaque fois, un énorme succès. C’est ainsi que, le jour du départ de la délégation belge pour la Croatie, 3 000 supporters, tout de noir-rouge et jaune vêtus, seront sur le tarmac de l’aéroport de Bruxelles-National pour souhaiter bonne chance à leurs héros.
Au début de la campagne, on a connu quelques couacs, comme le fait de siffler l’hymne national de l’équipe visiteuse. Mais, à la demande pressante de Wilmots, les choses ont changé et les fans des Diables sont désormais considérés comme parmi les plus sportifs du continent.
Bref, c’est la liesse et l’union nationale, au point que certains politiques en ont tiré des conclusions sur la soif d’unité que cet engouement impliquerait. C’est aller trop vite en besogne et Wilmots et les siens se méfient comme la peste de ces tentatives de récupération.
5. L’encadrement. Il fut un temps où l’Union belge ressemblait à l’Académie française. On n’y croisait que des personnages poussiéreux. Qui plus est, ils étaient nettement moins intelligents que les "Immortels". Les choses ont changé en bien. Le "staff" a été rajeuni, Wilmots a imposé ses vues et celles de ses collaborateurs, le président De Keersmaeker, longtemps prisonnier d’une image un peu fadasse et d’un entourage de caciques, a compris, à temps, qu’il fallait s’entourer d’une structure professionnelle. On y est, grâce notamment à la nomination de Steven Martens au poste de CEO et au fait qu’on ait confié des responsabilités à d’anciens footballeurs de l’élite. Les résultats suivent, chez les Diables mais aussi dans les équipes d’âge. Celle des Espoirs, que dirige Johan Walem, par exemple. Allons, la relève est déjà assurée.
En attendant, il faut toucher au rêve brésilien. On verra, mardi prochain, si tout ce qui vient d’être écrit valait la peine de l’être.
1. La classe intrinsèque des Diables. Oui, les Diables Rouges appartiennent à une génération dorée. Jamais, sans doute, l’équipe nationale belge n’a pu compter en ses rangs une telle pléiade de vedettes. A la veille d’Ecosse-Belgique, le "Daily Mail" s’était livré à un petit calcul au sujet de la valeur marchande des joueurs belges emmenés par Wilmots à Glasgow. Il était arrivé au total impressionnant de 330,2 millions d’euros. Eden Hazard a été transféré pour 40 millions d’euros à Chelsea; la valeur du gardien de but Thibaut Courtois est aujourd’hui estimée à 35 millions d’euros; le transfert de Marouane Fellaini a coûté 32,5 millions à Manchester United. Selon les experts il faudra débourser 37 millions d’euros pour acquérir les services de Vincent Kompany, 23 millions pour s’attacher ceux de Vertonghen ou 34 millions pour attirer Witsel. Lukaku et Benteke vaudraient respectivement 20 et 29 millions d’euros, Dembélé 21. Etc, etc.
La Belgique navigue désormais dans des eaux jusqu’ici réservées aux sélections allemande, espagnole ou italienne.
Cela dit, l’argent ne fait ni le bonheur, ni nécessairement les résultats sportifs. La vraie métamorphose de l’équipe belge vient du fait que ses joueurs ont, au contact des championnats où ils évoluent, à commencer bien entendu par le championnat anglais, acquis une dimension nouvelle sur les plans physique et mental.
Ceux qui étaient des joueurs doués et prometteurs sont devenus des footballeurs solides, ambitieux, aguerris, rompus aux joutes européennes, tenus d’être "au top" semaine après semaine. La moyenne d’âge demeure basse mais même les gamins ont des planches.
Cette médaille a toutefois un revers : aujourd’hui, presque tous les Diables évoluent dans les meilleures équipes du continent. Cela prouve leurs qualités mais le côté gênant, c’est qu’ils s’y frottent à une rude concurrence.
Depuis le début de la saison, Dries Mertens, Tobby Alderweireld ou Kevin De Bruyne cirent les bancs de Naples, de l’Atletico Madrid et de Chelsea. C’est le genre de situation qui ne devrait pas se prolonger, sous peine de poser des problèmes à Marc Wilmots.
2. Le sélectionneur. Marc Wilmots, parlons-en. Nous venons de dresser son bilan chiffré. Il est impressionnant. Ni Raymond Goethals, ni Paul Van Himst, ni Dick Advocaat, ni Georges Leekens, ni Robert Waseige ne peuvent afficher des "stats" aussi remarquables.
Pourtant, lorsqu’il a pris les rênes de la sélection, au printemps 2012, Wilmots a suscité des réactions mitigées. Certains ont exprimé ouvertement leurs doutes. "Wilmots, allons, il a échoué à Saint-Trond et à Schalke, depuis plus aucun club de dimension ne s’est intéressé à lui, c’est une baudruche qui va se dégonfler."
Un an et des poussières plus tard, Wilmots a fait taire tous ses détracteurs. Il a montré toute l’étendue de ses qualités. C’est un battant, qui n’accepte pas la défaite. Les deux revers qu’il a connus (en amical, à Wembley et en Roumanie) l’ont empêché de dormir trois nuits durant. C’est un fédérateur. Que ses joueurs parlent français ou néerlandais, il s’en fiche. Ce qui compte, c’est qu’ils se battent les uns pour les autres et pour l’équipe.
Il cultive l’art de motiver tout son groupe, les titulaires comme les réservistes. "Mes réservistes vont faire la différence" fait partie de ses phrases préférées. Il sait faire taire les frustrations, commenter ses choix, tout en affichant une autorité naturelle qui en impose à tous, même aux stars du groupe.
Il a acquis, auprès du public, une popularité sans égale. C’est grâce à ses qualités de franchise et à son bon sens naturel. Ce n’est pas un frimeur, un dissimulateur, un type qui esquive les questions, botte en touche quand les choses ne lui plaisent pas, comme ont pu l’être certains de ses prédécesseurs. Chez lui, un chat s’appelle un chat et cela, le public du football adore.
C’est enfin, et c’est évidemment primordial, un fin tacticien. Sa tactique est claire : les Belges jouent souvent en 4-3-3. Mais il sait s’adapter aux circonstances. Il compte sur quelques incontournables (comme Courtois, Witsel, qu’il a transformé en inamovible demi défensif, Vertonghen et bien sûr Kompany) et utilise toutes ses autres pépites avec une souplesse souvent payante. Si l’un ou l’autre est blessé, il trouve la solution de rechange sans déséquilibrer l’édifice.
Qui est parvenu à faire jouer Hazard en équipe nationale comme en club ? Wilmots. Qui a trouvé un centre-avant buteur, en la personne de Benteke ? Wilmots. Qui a fait de De Bruyne (4 assists et 3 buts) une pièce indispensable à l’échiquier des Diables ? Wilmots.
A plusieurs reprises, ses changements ont été déterminants. En Serbie, Chadli, positionné à gauche, et Hazard, perdu dans l’axe, inversent leurs places et la Belgique prend le dessus. Contre l’Ecosse, la montée au jeu d’Eden Hazard débloque le match. Contre la Serbie, Fellaini, réserviste en Macédoine, est excellent et marque. En Ecosse, Wilmots aligne Defour contre toute attente. Résultat : le "Portugais" ouvre la marque et se montre brillant. Mirallas, déçu de ne pas être titularisé, monte au jeu et fait des ravages sur son flanc. Il inscrira le deuxième but des Diables.
Et on pourrait citer d’autres exemples qui démontrent la faculté d’adaptation de Wilmots.
3. Kompany. On peut vanter les mérites d’un Vermaelen ou d’un Vertonghen, célébrer le talent de Courtois, Hazard ou De Bruyne, insister sur le rendement d’un Witsel, d’un Fellaini ou d’un Benteke mais l’âme des Diables est bel et bien Vincent Kompany - blessé au cours du week-end et incertain pour les deux joutes qui attendent les Diables, NdlR.
C’est leur capitaine et leur patron, leur mentor et leur parrain. Admirable contre la Serbie, où il joua une grande partie du match avec un nez cassé et une commotion cérébrale, impérial lors de la plupart de ses sorties, buteur au Pays de Galles et contre l’Ecosse, Kompany règne sur le vestiaire.
Celui dont certains médias écrivent ou disent qu’il est le principal rival de Bart De Wever développe une immense faculté de communication, en interne mais aussi vis-à-vis du public qu’il a mis dans sa poche, en se montrant grand prince sur le terrain et en-dehors.
4. Les supporters. L’engouement pour les Diables est tout simplement exceptionnel. Jamais sans doute, sélection belge n’a été soutenue comme elle l’est aujourd’hui, au nord comme au sud, par les femmes tout autant que par les hommes, par les plus jeunes et par les trois fois vingt.
C’est une foule enthousiaste et bigarrée qui a pris d’assaut les places de villes et de villages où étaient dressés des écrans géants les soirs de matches. C’est un public très chaud et très nombreux qui envahit désormais les travées du stade du Heysel (les places se vendent plus vite que pour un concert de U2) mais aussi les tribunes des stades adverses. A Glasgow, les Diables ont même eu l’impression d’évoluer à domicile.
Chaque rencontre suscite un pari national un peu fou, qui rencontre, chaque fois, un énorme succès. C’est ainsi que, le jour du départ de la délégation belge pour la Croatie, 3 000 supporters, tout de noir-rouge et jaune vêtus, seront sur le tarmac de l’aéroport de Bruxelles-National pour souhaiter bonne chance à leurs héros.
Au début de la campagne, on a connu quelques couacs, comme le fait de siffler l’hymne national de l’équipe visiteuse. Mais, à la demande pressante de Wilmots, les choses ont changé et les fans des Diables sont désormais considérés comme parmi les plus sportifs du continent.
Bref, c’est la liesse et l’union nationale, au point que certains politiques en ont tiré des conclusions sur la soif d’unité que cet engouement impliquerait. C’est aller trop vite en besogne et Wilmots et les siens se méfient comme la peste de ces tentatives de récupération.
5. L’encadrement. Il fut un temps où l’Union belge ressemblait à l’Académie française. On n’y croisait que des personnages poussiéreux. Qui plus est, ils étaient nettement moins intelligents que les "Immortels". Les choses ont changé en bien. Le "staff" a été rajeuni, Wilmots a imposé ses vues et celles de ses collaborateurs, le président De Keersmaeker, longtemps prisonnier d’une image un peu fadasse et d’un entourage de caciques, a compris, à temps, qu’il fallait s’entourer d’une structure professionnelle. On y est, grâce notamment à la nomination de Steven Martens au poste de CEO et au fait qu’on ait confié des responsabilités à d’anciens footballeurs de l’élite. Les résultats suivent, chez les Diables mais aussi dans les équipes d’âge. Celle des Espoirs, que dirige Johan Walem, par exemple. Allons, la relève est déjà assurée.
En attendant, il faut toucher au rêve brésilien. On verra, mardi prochain, si tout ce qui vient d’être écrit valait la peine de l’être.