Erwin Lemmens et Vital Borkelmans évoquent la saga Courtois: «Il y a eu rupture de confiance, Thibaut a été touché et… impulsif»
Pour mieux comprendre le « Courtois Gate », nous avons pris le pouls auprès d’Erwin Lemmens et de Vital Borkelmans, deux anciens membres du staff des Diables, très proches du nº1 belge, et pas spécialement d’accord avec sa réaction.
Erwin Lemmens et Thibaut Courtois se sont côtoyés durant pratiquement 10 ans à l’entraînement, chez les Diables.
On n’a pas fini de parler du dernier coup de sang de Thibaut Courtois en équipe nationale. Pour mieux cerner la personnalité du gardien des Diables, et peut-être comprendre son attitude, nous avons pris le pouls auprès de deux personnes qui étaient proches de lui dans le vestiaire des Diables : Erwin Lemmens, entraîneur des gardiens au sein de Diables de 2013 à 2022, et Vital Borkelmans, entraîneur adjoint des Diables de 2012 à 2016. Et les deux ont des avis très tranchés, ce qui fait le sel de toute polémique…
« Mon téléphone explose », s’exclame d’abord Erwin Lemmens (47 ans). En dehors de la famille, personne ne connaît mieux Thibaut Courtois que lui. Jusqu’à la dernière Coupe du monde au Qatar, il était son confident. « Thibaut est un champion absolu dans son domaine. Et les meilleurs joueurs réfléchissent en termes de prix, de récompenses : collectivement et individuellement. Les gens qui décrivent, aujourd’hui, sa réaction comme celle d’un petit enfant, sont à côté de la plaque », débute-t-il.
« Ils ne voient que la performance sur le terrain. Ils ne prennent pas en compte les années de sacrifice et la pression constante qui pèse sur les épaules de ces joueurs. Thibaut travaille très dur pour tirer le meilleur parti de sa carrière et veut que cela se traduise par des choses tangibles, de la reconnaissance. Or, il ne ressent pas cette appréciation et ce respect de la part de la presse et apparemment pas de la part du nouveau staff technique mis en place ». Et donc, on en revient à ce brassard de capitaine qui n’est pas qu’un petit bout de tissu autour du bras.
« Le sens de l’honneur de Thibaut est grand, c’est vrai. Mais selon moi, ce port du brassard ou pas, n’est qu’une partie de toute l’histoire. Tout part d’une relation de confiance entre l’entraîneur et le joueur. Ce lien de confiance est sacré pour Courtois et il a été rompu. Thibaut est très sensible à ce sujet… »
En parler avant le match contre l’Autriche ? Une mauvaise idée
N’aurait-il pas pu parler de son mal-être lors de la conversation avec Lukaku et Tedesco, samedi, avant le match ? « Non », estime Lemmens. « S’il l’avait fait, il aurait commis une grosse erreur. Il aurait alors aggravé la situation, il aurait provoqué des troubles avant un match important. Samedi, il s’est comporté de manière professionnelle, même s’il n’était pas d’accord. Après le match, il a exprimé sa déception lors d’une conversation en tête-à-tête avec le sélectionneur national. Je connais Thibaut, il a dénoncé le fait que Tedesco ait quand même rendu public le contenu d’une conversation interne. Cela a brisé le lien de confiance, et ce n’est jamais bon. Courtois a été touché et, on le connaît, dans ces moments il sait être impulsif… »
Et quand on met en doute, la blessure au genou que révèle le portier des Diables, Lemmens bondit. « Ces deux dernières années, nous avons établi un programme d’entraînement avec Thibaut afin de ménager au maximum ce genou. Nous sommes même allés à la Coupe du monde au Qatar avec un entraîneur personnel du Real Madrid pour qu’il soit toujours prêt au coup d’envoi. Ce genou est en effet un problème. Le fait que cela soit maintenant considéré comme une fausse excuse n’est pas correct ».
Quid, désormais de l’avenir de Courtois en équipe nationale ? « Il faut que les choses se calment un peu. Il doit maintenant retrouver un peu d’apaisement et préparer son mariage. Après, il y aura assez de temps pour recoller les morceaux, mais je pense qu’il y a une rupture de confiance entre Courtois et Tedesco… ».
Vital Borkelmans (60 ans), ancien assistant de Marc Wilmots, lui, prend plutôt la défense de Domenico Tedesco. « Courtois parle de manque de respect, mais justement cette notion de respect a énormément de valeur pour le nouvel entraîneur des Diables. Il l’a déclaré à plusieurs reprises. Je ne pense pas que l’on puisse reprocher quoi que ce soit à Tedesco. Moi, j’y vois plutôt un jeu de force psychologique mené par Thibaut Courtois qui, via son comportement, s’est mis en marge du groupe. Il a laissé tomber ses coéquipiers et il n’aurait jamais dû le faire. On le connaît : il a une forte personnalité, il est têtu et attache beaucoup d’importance à l’honneur. Mais le sens de l’honneur ne doit jamais prendre le pas sur l’intérêt du groupe. Hazard, Kompany, Vertonghen, ce sont aussi des caractères forts, mais jamais, ils ne se seraient permis ça ».
Source: lesoir