“Au tennis, j’ai un revers à… une main”
Le jeune Trudonnaire Benji Commers, né sans bras gauche, était sur le banc à Anderlecht
SAINT-TROND Tout le monde a parlé en début de semaine du Genkois Kevin De Bruyne, auteur du but de la victoire des Limbourgeois face au Standard. Mais un autre jeune joueur fait l’actualité. Benji Commers, défenseur de Saint-Trond, a marqué... de son empreinte la Jupiler League .
À 17 ans, il s’est assis pour la première fois de sa jeune carrière sur le banc trudonnaire lors d’un match de l’équipe A. C’était lors de la victoire des hommes de Brepoels à Anderlecht.
Il n’a pas prêté main forte à ses équipiers, mais est amené à le faire un jour.
Cependant, Benji Commers est à la Une de l’actualité : il est né avec un seul bras, le droit.
“J’avoue être légèrement surpris par le fait que tant de journalistes m’aient contacté” , confiait le back gauche d’1,81 m et 64 kg dans la presse néerlandophone. “Je sais que cela n’est pas en raison de ma présence sur le banc trudonnaire, mais bien parce que je suis né avec un seul bras. Cela me dérange quelque peu, mais j’y suis habitué. J’ai deux frères jumeaux. Je suis né avec un bras gauche qui s’arrête au coude. Mes frères, eux, n’ont aucun handicap.”
Cet attachant jeune homme, cependant, n’a jamais baissé les bras. Il n’hésite pas à désarçonner ses interlocuteurs et
pourrait remporter un concours humoristique... haut la main. “Je joue avec mon pied gauche mais heureusement, concernant les mains, je suis droitier. Ce n’est pas comme si j’avais dû apprendre à écrire de la main droite. Toute ma vie, j’ai fait du sport. Depuis que j’ai cinq ans, je m’adonne à la natation et tout se passe bien. Je fais aussi du tennis et du badminton. Bien sûr, là, je dois utiliser ma prothèse, sinon je ne pouvais pas lancer la balle. Et, comme l’on s’en doute, j’avais un revers... à une main .” (Rires)
Le Trudonnaire
ne se prend pas la tête et fait tout pour que son handicap ne se remarque pas. “Je ne joue pas au football avec cette prothèse. Elle est lourde et je pourrais blesser quelqu’un. Pour être honnête, on ne m’a jamais cherché à ce propos sur un terrain. Je ne peux pas faire de rentrée en jeu. Un équipier le fait pour moi et je prends alors sa place sur l’échiquier. J’arrive également à nouer mes chaussures tout seul.”
Alex Sánchez, en novembre dernier, a donné l’exemple à Benji Commers en devenant le premier joueur sans bras à évoluer en Liga , pour le compte de Saragosse. “Il y a deux ans, je portais les couleurs de Kermt-Hasselt, en D3. J’ai fait partie d’une sélection limbourgeoise. C’est à ce moment que Saint-Trond m’a repéré. J’ai effectué des tests et on m’a offert un contrat. On m’a parlé une fois de mon handicap, mais ils n’en ont pas fait un problème.”
Lucide, Benji Commers sait qu’
il doit mettre la main à la pâte afin de réussir une belle carrière. “Samedi dernier, mon rêve est devenu réalité. Le matin même, on m’appelait et je me trouvais sur le banc, à Anderlecht, le soir. J’étais impressionné par le stade et regrettais que ma famille n’ait pas réussi à obtenir des billets. Cette saison, j’aimerais faire quelques apparitions dans le noyau A, mais je ferai plus partie des Espoirs. Je veux devenir footballeur professionnel, mais l’an prochain, je me lancerai dans des études de droit à l’université...”
Fabrice Melchior (
DH.be)