Exclu RTBF : Lettre ouverte de Bölöni
15.02.10 - 21:26 Ce soir, dans studio 1, Laszlo Bölöni a exprimé ses sentiments 6 jours après avoir quitté le Standard. Et ce, à travers une lettre ouverte confiée à Rodrigo Beenkens. Il aborde tous les thèmes qui ont fait débat ces derniers mois et derniers jours. Découvrez le contenu de la lettre ici.
La lettre de Laszlo Bölöni à Rodrigo Beenkens.
"Ce que je fais en ce moment ?
Je me repose et j’essaye de regarder dans une autre direction que Liège. Je consacre plus de temps à ma famille. Je commence aussi à chercher des cartons pour emballer le peu d’effets personnels que j’ai ici en Belgique. Tout cela sans aucune précipitation.
Je suis calme et serein. Comme le dit un proverbe hongrois « Les gens courageux préfèrent résister aux claques plutôt que de les donner. » J’essaye de les imiter. Mais, comme toujours dans pareille situation, je perçois beaucoup de silence autour de moi même si quelques personnes me soutiennent.
Comment je vois le Standard après Bölöni ?
L’équipe va doucement sortir du tunnel. Je lui souhaite beaucoup de succès.
Luciano D’onofrio ?
On se ressemble assez bien. Mais il est meilleur joueur de poker que moi. Je m’en suis rendu compte quand sur un pari innocent j’ai perdu 100 euros ! C’est un très bon dirigeant. Avec lui, le Standard est entre de bonnes mains.
Olivier Dacourt ?
J’ai été très étonné d’apprendre qu’il racontait dans mon (jeune) vestiaire que si un jour Raymond Domenech le rappelait en équipe de France, il n’accepterait pas de prendre place sur le banc. Quand il a appris qu’il n’était pas repris dans le groupe des 18 contre Genk, il m’a dit: « Ne crois pas que c`est fini. Tu vas voir la suite ». Son interview dans « Le Soir » ne m’a donc pas surpris. Je dois même dire que je m’y attendais un peu.
Avant, c’était un bon joueur mais quelle que soit votre activité, pour être performant, vous avez besoin de vouloir et de pouvoir. Le Dacourt, version 2009-2010, ne possédait plus qu’un de ces deux paramètres. Si je peux comprendre la frustration d’un joueur qui n’est pas aligné, je condamne celui qui, pour se venger, s’en va en jetant des ordures derrière lui.
Changement continuel du programme des entraînements ?
C’est vrai, c’est arrivé parfois…mais toujours dans l’intérêt sportif, pour mieux s’adapter à des situations imprévues (retour tardif d’un avion, mauvaise météo) ou même à la demande expresse des joueurs. Mais, sincèrement, parlons des choses sérieuses.
Anderlecht ?
En 1986, quand le Steaua Bucarest a éliminé Anderlecht en C1, il était écrit sur le marquoir électrique du stade: « Notre respect pour Anderlecht. » Oui, je respecte ce grand club. Il était mon rival mais jamais mon ennemi.
Temps forts au Standard ?
Il y en a deux. Le titre et le duel avec Benitez et son Liverpool. Cette confrontation a constitué, selon moi, un déclic pour le Standard et peut-être aussi un peu pour le football belge. Mon dieu, qu’est-ce que j’en ai rêvé de gagner contre Benitez. Avec le recul, j’ai eu le courage de dire que mentalement et tactiquement je n’aurais pas pu mieux préparer cette double confrontation. Je suis sorti d’Anfield Road la tête basse, mais le Standard et ses joueurs y ont récolté du respect.
La Ligue des Champions ?
Je suis fier d’avoir pu forcer une participation à cette compétition. Il est dommage que le groupe ait été fortement diminué. Je suis cependant satisfait de notre comportement global et de la qualification pour l’Europa Ligue. Je suis un peu triste de ne pas y participer. Je souhaite la qualification des 3 équipes belges. Elles en ont les moyens.
Un dernier message ?
Tout d`abord, je voudrais exprimer ma reconnaissance envers la direction du Standard pour m’avoir accordé sa confiance. Ensemble, nous avons vécu de merveilleux moments et d’autres plus difficiles. En partant, je garde de beaux souvenirs.
Pendant l’exercice de mon travail, j’ai sans doute commis des erreurs...mais qui n’en commet pas ? A mon arrivée, j’ai promis aux supporters de m’investir avec toutes mes capacités intellectuelles et physiques. J’ai tenu ma parole.
Quand je travaille, je donne tout (parfois trop). Il m’est arrivé d’aller trop loin dans mon élan, dans l’émotion. J’ai laissé la tension dominer la raison et c’était une erreur. C`est pour cela que j’ai pu parfois vexer certains journalistes. Aujourd’hui, je leur demande pardon.
J’ai reçu quelques messages de soutien de mes amis mais aussi de joueurs, entraîneurs, dirigeants et même de journalistes ! Leurs mots me réconfortent, me rassurent et me font croire que tout n’était pas si mal que ça. A tous ceux là, je profite de l’instant que vous m’offrez pour leur dire un grand merci.
Mes derniers mots, je les réserve aux supporters du Standard. J’aurais tant voulu me séparer de vous autrement, mais dans la vie, on fait ce qu’on peut et pas toujours ce qu’on veut. VOUS ETES FORMIDABLES. Oui, c’est vous qui avez marqué le but contre l’AZ, c’est vous qui étiez le meilleur docteur pour Steven Defour et le meilleur conseiller pour Axel Witsel. Profond respect pour vous et tous mes remerciements"
Signé Laszlo Bölöni.
Copyright photo: Belga - Laszlo Bölöni, ex-coach du Standard