[gv3box="Le tueur de Virginia Tech, une personnalité secrète et troublée"]
AP | 18.04.2007 | 19:21 Dans une Amérique en deuil, le profil psychologique de l'auteur de la fusillade sanglante de Virginia Tech se précisait mercredi: Cho Seung-hui, qui s'est suicidé après avoir abattu 32 personnes, apparaît comme un jeune homme morbide, secret et solitaire, qui avait été accusé de harcèlement par deux étudiantes et interné en hôpital psychiatique.
En 2005, l'une d'elles s'était tellement inquiétée de ses coups de fil et courriels qu'elle avait averti la police, selon le chef de la police universitaire Wendell Flinchum. Mais aucune n'a porté plainte et ni l'une ni l'autre ne figurent pas parmi les victimes du jeune Sud-Coréen.
A l'époque du second incident de harcèlement, la police avait reçu un appel d'un proche du jeune homme craignant qu'il ne se suicide, et il avait été transféré dans un hôpital psychiatrique, selon Wendell Flinchum. La police, qui a saisi ses ordinateurs et carnets, se penche aussi sur son dossier psychiatrique.
Mercredi, deux jours après la fusillade, 13 blessés restaient hospitalisés, alors que se multipliaient les témoignages décrivant un jeune homme perturbé, tranquille et inquiétant, au regard fuyant. Selon ses camarades de chambre, Joseph Aust et Karan Grewal, son comportement était devenu encore plus bizarre et imprévisible ces dernières semaines.
Surtout, les pages écrites en classe par Cho étaient d'une violence alarmante. "Ce n'était pas de la mauvaise poésie. C'était intimidant", a déclaré la poétesse Nikki Giovanni, l'une de ses professeurs, sur CNN. "Il y avait quelque chose de mauvais chez ce garçon. J'ai déjà enseigné à des jeunes troublés, à des fous. Ce qui me dérangeait chez lui, c'était cette méchanceté." Et de préciser que le comportement de Cho était si perturbant qu'elle avait demandé qu'il ne vienne plus à son cours, mettant sa démission dans la balance.
Lucinda Roy, responsable d'écriture créative, qui aura donné l'alerte fin 2005 sur cette personnalité "troublée", raconte la difficulté des contacts avec l'étudiant: "C'était presque comme de parler à un trou, comme s'il n'était pas là la plupart du temps. Il portait des lunettes de soleil, son chapeau très enfoncé, il était difficile de voir son visage." Elle dit même avoir mis au point un code, pour que son assistante appelle la police au cas où elle se sentirait menacée par Cho...
Aux dires d'un de ses camarades, ce dernier était notamment l'auteur d'un scénario décrivant des personnages en train de lancer des marteaux, de perpétrer des attaques à la tronçonneuse. Un autre de ses contes évoquait des étudiants rêvant d'assassiner un enseignant les ayant sexuellement agressés.
"C'était comme sorti tout droit d'un cauchemar", "une violence tordue et macabre, avec des armes auxquelles nous n'aurions même pas pensé", écrit sur un blog son ancien condisciple Ian MacFarlane. Celui-ci, qui travaille aujourd'hui chez AOL, évoque même cette "sérieuse inquiétude" qu'il puisse un jour se révéler auteur d'un massacre...
D'autres parlent d'un garçon toujours silencieux, participant rarement en classe, qui se faisait surtout remarquer par son anonymat. Il avait même gagné le surnom du "gars au point d'interrogation", pour avoir une fois inscrit un point d'interrogation à la place de son nom sur une feuille de présence.
Malgré tous ces signaux d'alarme, les enquêteurs restaient mercredi dans l'ignorance de qui aura déclenché la folie meurtrière du jeune homme. Le mot qu'il a laissé avant son passage à l'acte, huit pages tapées à la machine d'élucubrations contre les gosses de riches et la religion, n'apporte que peu d'indices. "Vous m'avez poussé à faire cela", y écrit le forcené.
Le Congrès des Etats-Unis envisage de tenir jeudi sa première audition sur cette fusillade, afin d'évoquer les moyens de prévenir la répétition de ce genre de drame.
Tim Kaine, gouverneur de Virginie, a pour sa part annoncé la prochaine désignation d'une commission d'enquête chargée de se pencher su la gestion de la crise par la direction de Virginia Tech.
Etudiants et familles ont dénoncé le fait que le campus n'ait pas été immédiatement bouclé après la première fusillade, et que l'information ait si mal circulé, permettant un bain de sang deux heures plus tard. Sur CBS, le gouverneur a défendu la direction de l'université, qui a "fait tout ce qu'elle pensait devoir faire au plus fort de la crise". AP[/gv3box]
http://tempsreel.nouvelobs.com/depe...ginia_tech_une_personnalite_secrete_et_t.html