Avec des gouverneurs qui raisonnent comme ça on est pas sorti des ronces...
La canicule, les feux et la sécheresse de l’été 2022 succèdent aux inondations de 2021. En première ligne pour gérer les conséquences des crises climatiques, humanitaires ou sanitaires, Gilles Mahieu (Brabant wallon) et Marie Muselle (faisant fonction à Namur) racontent un quotidien loin des...
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La gestion hasardeuse et fortement critiquée des inondations de l’été dernier en Wallonie a
toutefois pu donner l’impression d’un certain déni de l’État face aux conséquences du réchauffement climatique. Nos deux interlocuteurs ne sont pas d’accord.
« On s’adapte ! », assure Gilles Mahieu. « Alerter les autorités supérieures pour
signaler que l’on va manquer de moyens dans certains secteurs parce qu’on a de plus en plus de sécheresse ou d’inondation fait partie de nos tâches. Nous indiquons où il faut réorienter les moyens. On doit se préparer au maximum mais on ne pourra jamais dire que l’on est totalement prêt. Il est impossible d’avoir le contrôle sur tout. Le principe d’une crise, c’est qu’on ne sait jamais comment elle va se terminer. Parfois, les événements génèrent ou suivent des cours bizarres. À nous de nous préparer, de nous exercer et de sans cesse s’améliorer. »
Un discours volontariste qui
n’empêche pas plusieurs voix de s’élever, notamment chez les pompiers, pour dénoncer le manque de bras et de moyens. « On peut tripler ou quadrupler la protection civile pour être prêt à tout mais
que fera-t-on en période de calme ? », s’interroge Gilles Mahieu. « Il faut trouver un équilibre entre les décisions prises, les moyens et ce qu’on anticipe. Si on anticipait toujours le pire on aurait une de ces sociétés où tout l’argent va dans la sécurité. Notre but est de préserver la vie du pays en veillant à l’équilibre économique et social. »
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« Un gouverneur, ça vit dans un palais et gagne beaucoup d’argent »
« On gagne normalement notre vie par rapport à nos responsabilités. Notre salaire est raisonnable et public. En net, je gagne
5.000 euros par mois, plus une indemnité de frais de 1.000 euros et une indemnité de logement de 2.000 euros. Donc, en tout, 8.000 euros net, ce qui est plus ou moins la même chose que ce qu’un parlementaire gagne. Je ne vis pas dans un palais.
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Mais cela fait 30 ans qu’on alerte sur ces phénomènes, on n’y est pas préparé ?
Gilles Mahieu Si et d’ailleurs on réalise des investissements en matériel pour gérer cela. Mais face à un phénomène d’une
telle ampleur que celui de l’an dernier, le
problème principal reste le manque d’effectifs. On ne trouve plus de pompiers, de policiers, de militaires et la protection civile a été diminuée de moitié. On manque de bras, des fantassins à des gens qui vont faire du travail de terrain.
En attendant voici l'étendu des recrutement concernant les pompiers
« Les gouverneurs sont pistonnés par les politiques »
« Il s’agit effectivement d’une
désignation purement politique, parce qu’il faut être désigné par, à la fois, le gouvernement fédéral et régional. Nous ne sommes pas élus parce qu’on est aussi magistrat administratif, par exemple en matière électorale. On doit donc avoir une certaine indépendance, ce qui n’est pas possible si on est élus. Une fois désignés, on est obligé d’être neutre et d’avoir une grande loyauté vis-à-vis de nos gouvernements. En Flandre,
on a essayé d’objectiver le recrutement de gouverneurs, mais il y a eu des recours dans tous les sens et ils ont fini par retourner à la version ancienne d’une décision purement politique.
Marie Muselle
Diplômée en Histoire de l’art et archéologie ainsi qu’en sociologie, elle a travaillé 7 ans au département de Sociologie de l’Université de Liège et a obtenu en parallèle un master de Recherche en urbanisme à l’Institut français d’urbanisme (Université Paris 13). Elle a ensuite été
recrutée par le SPF Intérieur comme chef du service sécurité civile du gouvernement provincial de Namur,
fonction qu’elle a exercée durant près de trois années. C’est en 2013 qu’elle a endossé le rôle de commissaire d’arrondissement (gouverneur adjoint) de Namur.
Gilles Mahieu
Licencié en
sciences criminologiques de l’Université libre de Bruxelles, Gilles Mahieu, 58 ans, a un long parcours politique au sein du parti socialiste. Après avoir été
chef de cabinet des bourgmestres successifs de Mons, Maurice Lafosse et Elio Di Rupo, il a endossé la fonction de
secrétaire général du PS en 2008.
Fonction qu’il quitte en 2015
pour devenir gouverneur du Brabant wallon.