C'est encore un des derniers refuges où je suis anonyme (sauf pour certains membres mais soit ¯\_(ツ)_/¯ ).
Aujourd'hui j'ai été chez le médecin et il m'a arrêté jusqu'au 13 septembre (à partir du 19 août car je suis en congé). Ca fait plus de dix ans que je n'ai pas été absent plus d'un jour au boulot. J'ai été arrêté pour burn-out et "dépression réactionnelle". Burn-out parce que ça fait 3 ans (voire plus, mais le dernier souvenir concret remonte à cette période) que certains changements ont été opérés à mon boulot (que j'aimais) et que la gestion des ressources humaines et de la hiérarchie sont devenus chaotiques. J'ai tout donné pour changer les choses à mon échelle, sans grand succès vu la bêtise incompétence absence de vision à long terme de la hiérarchie et mon implication trop grande dans ce qui au final n'est qu'un boulot. Le médecin dit que j'en aurai minimum jusque janvier.
Mais il y a une semaine, à l'étranger en vacances, ma compagne et moi avons rompu. De commun accord, même si en grands handicapés de la communication on a tout fait à l'envers et on a commencé à parler des causes de cette rupture après celle-ci. Mais têtus comme on est on est restés enfoncés là-dedans. Mardi elle est partie de l'appartement qu'on a acheté il y a un peu moins de deux ans.
Cette rupture me fout en l'air et a fait remonter le burnout au dessus duquel j'arrivais à passer tant bien que mal. Histoire de m'achever, ma mère s'est fait envoyer à l'hosto par la fille de sa voisine qui l'a fait valdinguer par terre après que ma mère ait sonné à sa porte à 23h30 parce que la musique allait trop fort pour une Xème soirée. Fractures multiples au poignet gauche et fracture de l'humérus au niveau du col. La goutte qui fait déborder le vase.
Cette année j'avais réduit -quasiment arrêté- la boisson, avais repris une activité physique, avais perdu du poids: 17 kg en moins en 5 mois! Tout s'écroule.
Je sais pas ce que je vais devenir. Je n'ai aucune formation (même pas le CESS), je n'ai aucune confiance en moi (alors qu'honnêtement j'ai fait de bons trucs, voire groundbreaking, dans mon secteur), je n'ai plus la personne avec qui je partageais ma vie et que j'aime encore, je ne vais peut-être plus avoir de boulot vu la super gestion des ressources humaines, je ne vais peut-être plus avoir de toit si je ne trouve pas d'apport financier parce qu'un coussin de sécurité c'est pas non plus illimité.
C'est mon inaction dans mon couple et dans ma vie professionnelle qui m'a mené là alors que je savais ce qu'il y avait à faire. Là maintenant je suis juste perdu quant aux actions à prendre. J'ai peur de toucher le fond. J'ai peur de devenir un de ces gars qui sont dehors toute la journée à boire des chopes en cannette bon marché et à s'en contenter.
Alors, sait-on jamais, si quelqu'un a la solution miracle je suis à l'écoute. C'est tout ce qui me reste.
Salut, alors voici ma lecture de ta situation, en espérant que ça t'aide un peu :
Tu parles de deux psychopathologies bien différentes, burn-out et dépression, et c'est un problème.
Dans le premier cas, "décrocher", se poser, prendre le temps de recharger ses batteries, est bénéfique. Il s'agit d'un syndrome d'épuisement : si tu tombes d'épuisement tu ne te dis pas que tu vas te remotiver, ça n'a pas de sens, c'est justement parce que tu t'es dit ça trop de fois sans écouter les signes que le burn-out survient.
Par contre la dépression est un tout autre animal. Dans une dépression, moins tu en fais, moins tu as envie d'en faire et plus tu t'enfonces dans le pessimisme (voire nihilisme), l'hébétude, l'anhédonie (l'impossibilité d'apprécier ou de rechercher des stimuli positifs, du plaisir). Tu es notamment en dépression parce que tu as perdu deux choses qui sont des gros pourvoyeurs de sens : une relation amoureuse/sexuelle et une position professionnelle valorisante, donc la réaction adéquate est de chercher à combler ce vide de sens, ce qui suppose une attitude active.
Bref, pour le peu que je puisse en juger sur un message dans un forum, tu es dans une position lose-lose : si tu t'agites tu risques d'aggraver ton burn-out, si tu te laisses aller tu risques de transformer une dépression réactionnelle en dysthymie (dépression chronique).
Ceci étant dit, je ne vais pas te laisser sur un constat négatif. La réaction la plus adéquate que je peux imaginer est de prendre les choses en main, mais de façon douce, bienveillante envers toi-même.
La première chose est de trouver un professionnel pour lui faire porter une partie de tes problèmes. Je sais que tu es serré niveau fric mais il y a les planning familiaux par ex, quasi gratuits.
La seconde est d'être très attentif aux signes d'anhédonie : est-ce que tu fais encore les petits trucs qui te donnent du plaisir ? (écouter de la musique, voir des amis, jouer avec un animal domestique, bricoler, regarder des séries...). Les dépressifs abandonnent un à un tout ce qui leur donne du plaisir.
La troisième chose est d'être attentif aux tâches mineures mais qui structurent la vie quotidienne : tu dois bien-sur t'autoriser à te reposer mais tu ne dois pas tout laisser aller (te laver, ranger ton logement etc). Ça a l'air anodin mais ça ne l'est pas, ton environnement intime est une réflection de ta vie psychique : un logement sale et bordélique laisse la place à des pensées sales et bordéliques.
La quatrième est de voir des personnes ressources (amis, famille) mais de n'a pas compter sur eux pour déverser ton mal-être. C'est le rôle du psy. Il n'y a rien de mal (au contraire) à pleurer une fois ou deux dans les bras de ton meilleur ami bien-sur, mais si ça devient la base de ta relation avec lui c'est contre-productif. Il est là pour passer de bons moments et pour être une ancre dans la normalité. Par ailleurs, la réaction des amis à un dépressif est toujours maladroite, ils essaient de lui "remonter le moral" et il a été montré que c'est inadéquat et même nocif.
La cinquième est de ménager la chèvre et le choux (oui, j'aime bien les expressions débiles des institutrices, je ne les ai jamais oubliées) concernant l'opposition burn-out/dépression, c.-à-d. trouver un moyen de prendre les choses en main sans mettre en péril le repos nécessaire. Je dirais que c'est une affaire de fine-tuning, impossible à trancher ici, mais que l'attitude que tu pourrais tenter est de rester sur un plan théorique, sans action concrète : en gros poser tes idées, projets, sur papier, faire un inventaire mental, imaginer des scénarios etc... C'est structurant sans être épuisant. La constance (un petit peu chaque jour) et la discipline sont plus importantes que la quantité ou la qualité. Tu dois te projeter dans l'avenir mais sans te mettre de pression (pas de planning donc).
Voilà, si je pense à d'autres truc j'ajouterai un message. Bon courage !