Très cher et adoré Koraz,
-Déjà, lorsqu'il n'y a plus qu'une seule marque qui réalise un produit, il y a toujours une concurrence entre deux biens: Acheter un iPhone ou ne pas en acheter. Acheter un disque dur ou ne pas en acheter. Acheter un ticket de bus ou marcher. Acheter des capsules de Nespresso ou boire de l'eau du robinet avec ses croissants ... Et de fait, même s'il n'y a qu'une seule marque, le prix modifie les quantités vendues. Donc les constructeurs ne font pas ce qu'ils veulent.
-Il existe pourtant une part de la population qui a extrêmement besoin de disques durs. Dans l'hypothétique cas où les constructeurs profiteraient d'eux et vendraient le Tera à 12 000 € pour un coût de production de 30 € ... d'autres firmes viendrait rapidement s'insérer sur le marché pour profiter du return. Ca a été le cas de Microsoft avec la Xbox sur le marché lucratif des consoles de jeu (qui ne sont plus lucratives du tout) ou sur le marché des lecteurs MP3 avec le Zune... Si les grands fabricants se lâchent sur les prix, tu auras toujours des entreprises semi-spécialisées qui vont entrer pour jouer l'arbitre: Ca peut être Apple, Intel (ils s'y sont mis), Microsoft ... même Mittal. Tant qu'ils ont du cash, des usines et des brevets. Mais tout ça met du temps. Si le marché doit se réguler, il se régulera et il ne faudra pas de loi pour l'y forcer.
-Concernant l'entente sur les prix des constructeurs de disques durs, prenons le plus gros: Samsung. La société réalise un chiffre d'affaire de 165 milliards d'€ desquels il reste 29,8 milliards après paiement des fournisseurs. Et elle réinvestit immédiatement 22 milliards en nouveaux investissements (création d'emploi, nouvelles usines, rachats de brevets). Il reste donc 8 milliards à partager entre les actionnaires. Moins de 5% du chiffre d'affaire ... Est-ce que Samsung vend ses produits en réalisant une marge de 200%? La réponse est non. Est-ce que le tenancier du bistrot qui se trouve au coin de ta rue vend ses cafés avec une marge de 300%? La réponse est oui. Tu t'es trompé de cible.
-Concernant le prix des abonnements en France et en Belgique, l'arrivée de Free a en effet donné l'avantage à la France, mais avant leur arrivée, les abonnements étaient impayables et les téléphones offerts n'étaient qu'une illusion. Pourtant, on parle d'entente sur les prix en Belgique depuis bien avant l'arrivée de Free Mobile. Alors un coup d'oeil sur les comptes de Mobistar:
-Chiffre d'affaire brut: 1,6 milliards
-Chiffre d'affaire de la téléphonie: 1,5 milliards
-Bénéfices nets: 221 millions
-Investissements nets (création d'emploi, construction d'infrastructures nouvelles, rachats de brevets): 203 millions
Il reste 18 millions. 1,25% de marge. Toujours moins que le cafetier du bas de la rue...
-Alors oui, il est possible que les trois opérateurs ajustent leur prix parce que la configuration tarifaire actuelle est celle qui maximise le plus leurs bénéfices. Et les consommateurs ont le choix entre envoyer un SMS à 8,6 cents (jusqu'à 20 cents) ... ou ne pas l'envoyer. La plupart des SMS ne sont pas obligatoires. Le SMS est en concurrence avec l'e-mail ect ...
Oui, il est possible aussi que CERTAINS MARCHES de la téléphonie soient extrêmement rentables, comme le data et les minutes de téléphone en roaming. Et c'est pourquoi l'Union Européenne est intervenue pour mettre des prix plafonds. Mais ce ne sont que de toutes petites niches de bénéfices par rapport à la masse de clients.
Tu tombes, extrêmement facilement dans le piège de l'article sensationnel qui annonce que les opérateurs font 8000% de marge sur l'envoi des SMS alors que les comptes qui se trouvent au moniteur disent l'inverse. Et qui se moquent totalement de tout un tas de dépenses. Tu détestes la notion de marchés, de grosses entreprises, d'hommes de pouvoir ... mais non, le monde ne te manipule pas!
Alors, si ça peut te faire plaisir:
Oui, elle existe en partie. Tout le monde sera d'accord avec toi. Mais il y a des organismes énormes qui existent pour la combattre. Et si elle existe, ce n'est probablement pas sur le marché des disques durs.