Je copie ici une partie de l'article du Soir du 24/02 :
C’est que la législation actuelle prévoit qu’en toutes hypothèses, les réacteurs devront subir une révision décennale en 2025. Et que tout redémarrage sera soumis à l’obtention d’une nouvelle autorisation d’exploitation délivrée par l’AFCN. Autorisation elle-même conditionnée au respect des nouvelles normes de sûreté post-Fukushima. Depuis l’accident de la centrale nucléaire japonaise en 2011, les normes internationales de sûreté nucléaire (dites Wenra) ont été rendues plus sévères, notamment concernant le risque sismique. Elles ont été introduites en droit belge via un arrêté royal en 2020, qui renforçait également les normes de sûreté en matière de chutes d’avion.
Ce qui n’est pas sans poser de sérieux problèmes. Ainsi, alors qu’il a été démontré que Tihange 1 ne peut résister qu’à la chute d’un « avion léger », les nouvelles dispositions prévoient une résistance à la chute d’un avion « représentatif » du trafic qui survole les sites ou leurs alentours. Et tous les yeux de se tourner vers Liege Airport, tout proche, qui connaît un important trafic de Boeing 747, soit l’un des avions de ligne les plus lourds du monde. Même pour une courte prolongation, de (très) importants travaux devraient être entrepris pour protéger le réacteur hutois conformément aux nouvelles règles en vigueur, dans des délais par définition non compatibles avec une prolongation de courte durée. Pour Doel 1 et 2, la situation est encore plus délicate : en matière de résistance sismique cette fois, il est à peu près acquis qu’il est tout simplement impossible de mettre les deux réacteurs aux nouvelles normes.
Un « nœud » qui ne peut pas être tranché de 36 façons : il faudrait modifier la législation en matière de sûreté pour en alléger les prescrits afin de faciliter la mini-prolongation envisagée, qui est impossible dans le cadre réglementaire actuel. « Mais qui est prêt à endosser la responsabilité politique de ne pas appliquer les règles de sûreté internationales ? », s’interroge un observateur avisé du secteur. « Qui va oser s’asseoir sciemment sur ces normes ? » « Décréter fictivement que la prolongation de Doel 1 et 2 et Tihange 2 relèverait toujours de l’autorisation d’exploitation actuelle et n’en nécessiterait pas de nouvelle reviendrait pareillement à tordre le cou aux dispositions légales en vigueur et à s’affranchir des règles Wenra », note un autre fin connaisseur.