La caravane du Dakar a cruellement ressenti le décès de Fabrizio Meoni, mardi, au lendemain de celui de Jose Manuel Perez, un autre motard. Patrick Zaniroli, Heinz Kinigadner, Stéphane Peterhansel et Jean Brucy témoignent. Réactions.
Patrick Zaniroli (Dakar 2005, directeur sportif) : "Je me sens abattu. On ne peut pas se sentir autrement après une journée pareille. C'est toujours un drame comme hier (lundi) avec le motard espagnol (Jose Manuel Perez, qui a succombé quatre jours après une lourde chute), mais vu la carrure du bonhomme, cela suscite encore plus d'émotions. C'était un des piliers de cette épreuve, un digne descendant des Neveu, Auriol ou Peterhansel."
Heinz Kinigadner (KTM, directeur sportif) : "Je pense personnellement que tous les pilotes de l'usine KTM devraient rentrer à la maison. Ce n'est pas qu'une question de voeu pieu, mais aussi une question de sécurité. Les pilotes ont beaucoup de choses en tête après ces deux tragédies. Personne ne peux oublier ça facilement. Je pense que l'engagement de KTM est remis en question après ces deux morts. Même si une décision prendra du temps."
Jean Brucy (équipier Meoni, prévenu de sa mort à l'arrivée de la spéciale): "C'est dramatique. On a fait 300 km de liaison ensuite et j'ai tout le temps pensé à son fils, car il était très attaché à son père. Il a 13 ans et fait de la moto. Il voulait l'accompagner dans les raids qu'il organise en Afrique. Hier (lundi) soir encore, il disait qu'il était à six jours de la retraite et il en était ravi. Il disait +j'ai été égoïste pendant dix ans, maintenant je vais pouvoir me consacrer à ma famille+. Hier soir, encore il nous commentait une chute sur une dune et il nous a vraiment sciés de rire. C'est affreux."
Stéphane Peterhansel (six fois vainqueur en motos, une fois en autos et leader du général autos): "Quand j'ai vu sa moto en passant, je me suis dit +merde c'est Fabrizio, il est tombé+, mais sur le coup, je n'ai pas pensé que c'était grave. J'ai cru qu'il s'était cassé une clavicule ou un poignet. Et quand on apprend à l'arrivée... C'est terrible, insoutenable. Ce qui est étonnant, c'est qu'à l'endroit où ça c'est passé, il n'allait sûrement pas vite.
C'est vraiment pas de chance. Tous autant qu'on est ici sur le Dakar, peut-être qu'on cherche les ennuis. Après tout, il y a 150.000 personnes qui n'ont rien demandé et sont mortes pour rien, ça n'enlève rien au chagrin qu'on aura, mais c'est vrai qu'on cherche les ennuis. Quand j'ai arrêté (la moto), c'était aussi pour ça, je ne voulais vraiment pas faire la course de trop."
David Frétigné (ancien leader du Dakar 2005 moto) : "Je ne comprends vraiment pas ce qu'il s'est passé. Je pense qu'il devait être en train de regarder ses instruments de navigation. On venait juste de passer à la pompe et les motos étaient donc assez lourdes. il a dû se faire bouger sur une dune, à cause du poids de la moto. L'endroit où ça s'est passé ne semblait pas dangereux. On venait juste de se perdre et on cherchait la bonne piste, à ce moment-là. Cyril (Després) était sur la bonne piste et il avait pris de l'avance. Fabrizio suivait son nuage de poussière.
Et, 300m plus loin, j'ai vu Coma, la main en l'air. Je me suis arrêté. J'ai tout de suite vui que c'était sérieux. Il y avait beaucoup de sang. J'ai attendu l'hélicoptère parce que je ne pouvais pas partir (...) Je pense que nous devons continuer la course. Pour lui, et pour Richard Sainct aussi. Fabrizio aurait voulu que ça continue. C'était sa passion..."