Une motion de méfiance à l'égard du Collège communal ansois, présidé par le bourgmestre en titre, a été votée mardi soir par 20 des 29 conseillers communaux. Le ministre des Pensions Michel Daerden se dit étonné et demande une conciliation interne au PS.A Ans, Michel Daerden se retrouve seul. 20 conseillers communaux sur 29 ont voté mardi soir, une motion de méfiance contre le bourgmestre en titre depuis pratiquement 20 ans.
A l'origine de ce véritable putsch politique, un autre socialiste ansois : l'ancien bourgmestre ff, Stéphane Moreau. Son groupe "Ans Nouveau" a finalement réussi à renverser Michel Daerden en formant une dissidence au sein même des socialistes.
Menaces et pressions
Les conseillers signataires reprochent à Michel Daerden d'avoir fait de la commune d'Ans, un outil de pouvoir isolé et dénoncent le climat malsain qui règne dans la commune d'Ans. Ils parlent de menaces diverses, de pressions et même de harcèlement moral.
La lutte de pouvoir entre Michel Daerden et Stéphane Moreau, ne date pas d'hier. Ce sont deux poids lourds de la fédération liégeoise du PS. Stéphane Moreau est un proche de son président Willy Demeyer.
Pour garder la mainmise sur sa commune, Michel Daerden avait écarté Stéphane Moreau du maïorat d'Ans en juin dernier. Depuis, une partie des élus ansois se plaignent à la fédération socialiste des pratiques de Michel Daerden et de son entourage.
La commune était dans les faits dirigée par le secrétaire communal, un allié de Michel Daerden. Mais Stéphane Moreau a décidé de contre-attaquer politiquement. Il est parvenu à réunir autour de lui assez de conseillers communaux pour voter une motion de méfiance.
Baptisé "Ans nouveau", le groupe a conclu un nouveau pacte de majorité. Il réunit des élus socialistes avec des élus MR, cdH et RCA. La motion de méfiance a été déposée ce mercredi matin à la commune d'Ans. Elle sera examinée lors d'un conseil communal extraordinaire convoqué fin du mois. Une motion qui pourrait sonner le glas politique de Michel Daerden dans sa propore commune qu'il dirige depuis pratiquement 20 ans.
Nouveau collège
Le nouveau Collège, dans lequel sont écartés les quatre échevins "pro-Daerden" (Yves Parthoens, Jean-Louis Daerden, Jean-Claude Peeters et Julien Gauthy), se composera de cinq élus PS, deux MR (dont le président du CPAS, qui est actuellement Jean-Louis Daerden, le frère du ministre) et un élu RCA.
La nouveau pacte de majorité doit encore être avalisé par le prochain Conseil communal extraordinaire.
Le socialiste Stéphane Moreau, ex-poulain de Daerden, sera alors officiellement nommé nouveau bourgmestre de Ans.
Réaction de Michel Daerden: il se dit étonné
Le bourgmestre en titre d'Ans se dit étonné car la fédération liégeoise avait décrété l’été dernier un moratoire. "Dans ces conditions, j’ai immédiatement sollicité les instances du Parti, en manière telle que, conformément aux statuts, une conciliation intervienne. Je ne ferai pas d’autre commentaire d’ici l’instauration de la conciliation", continue-t-il.
C'est quoi une motion de méfiance ?
Ce n'est pas la première fois qu'une majorité est renversée en Wallonie mais ça reste bien sûr relativement rare.
Au niveau communal, la motion de méfiance peut-être individuelle ou collective. Individuelle quand elle concerne un ou plusieurs membres du Collège communal. Collective si elle vise l'ensemble du Collège, et c'est ce qui vient de se passer à Ans. Elle ne peut pas être déposée au cours des 18 premiers mois qui suivent le scrutin… Ni - et c'est le cas ici - après le 30 juin de l'année qui précède les élections communales suivantes. Le retour aux urnes aura lieu en octobre 2012 et nous sommes le 16 mars. Les rebelles ansois sont donc juste dans les temps.
La motion de méfiance doit encore être signée par la majorité des élus et proposer une solution alternative. A Ans, c'est une majorité à quatre qui se dessine, avec à sa tête l'ex-échevin Stéphane Moreau, suivi par une partie des troupes socialistes.
Dans un communiqué, les putschistes dressent la longue liste des dérives qu'ils attribuent à Michel Daerden et à ses fidèles au détriment -disent-ils - de la population. Des justifications mêmes pas nécessaires pour infliger une telle sanction politique et renverser une majorité.
Le cas échéant, Paul Furlan jouera les bons offices
Le ministre wallon des Affaires intérieures, Paul Furlan, attend de voir si l'annonce du vote de cette motion de méfiance se concrétisera.
En attendant, il s'est dit prêt, le cas échéant, à jouer les bons offices dans ce dossier en vue d'assurer la stabilité de la gestion communale :"Je vais attendre de voir si cette motion se concrétise et si nous ne somme pas dans l'effet d'annonce. Aujourd'hui, nous sommes encore dans cette situation. Je vais prendre le temps d'analyser sereinement le problème et, éventuellement, en parler avec les protagonistes. Il appartient au ministre wallon des pouvoirs locaux d'assurer la stabilité de la gestion communale. Il n'est pas exclu, comme je l'ai fait dans d'autres cas, que je rencontre les protagonistes pour tenter d'apaiser la situation", a-t-il expliqué mercredi.