la fin du livre constitue une énigme. En effet, Juliana comprend que c'est l'oracle issu du Yi King qui a permis d'écrire Le Poids de la sauterelle et à la question « Pourquoi ? », ce dernier répond : « Telle est la vérité ». Quelle est cette vérité dont parle l'oracle ? Dans un roman où le monde est clairement sous la domination de l'Axe, les personnages doivent admettre que « l'Allemagne et le Japon ont perdu la guerre ». On peut y voir une nouvelle mise en abyme où, sans se l'avouer clairement, les personnages sont en train de vivre dans une fiction, ou bien cette prédiction du Yi King renvoie-t-elle tout simplement à un dogme et donc à la foi. Cependant, Le Poids de la sauterelle ne décrit pas notre réalité et le livre ne peut que nous renvoyer à notre propre questionnement de lecteur, à savoir, quelle est notre réalité ? Car nous aussi, comme les personnages du roman, nous lisons un livre qui nous décrit un autre monde en nous disant : « c'est la réalité », selon un principe d'immersion propre à la lecture (l'illusion romanesque). À travers ces jeux de miroirs, le roman de Philip K. Dick pose à nouveau la question de la définition de la réalité, de sa frontière avec la fiction, de notre existence et de son incertitude, thème qu'il mènera à son paroxysme dans Ubik.