Putain, j'ai vu les Rolling Stones...
Putain, j'ai vu les Rolling Stones !!!!!!!
Bon, d'accord, ce ne sont plus les Stones de la belle époque -elle est bien loin, celle-là !- mais en tant que fan absolu du rock des années '60 né beaucoup trop tard, ben je prends les témoignages qu'on peut ! Avec le risque évident d'être vachement déçu, le but n'étant pas de pouvoir cocher le nom "Rolling Stones" dans les concerts auxquels j'ai déjà assisté, mais de vivre une expérience musicale (et scénique dans certains cas, comme celui-ci). J'ai vu, avec des fortunes diverses, Bob Dylan, Lou Reed, Robert Plant ou Iggy Pop, mais jamais les Stones, beaucoup trop chers.
Et là, c'est arrivé : putain j'ai vu les Stones.
Alors, ce concert ?
Ben tout d'abord, quel bordel pour arriver et repartir ! On a loupé Van Morrison, ou plutôt on l'a entendu de loin, juste avant d'arriver. Un peu dommage, mais bon, d'un côté ça avait le mérite de rappeler l'ambiance festivalière genre "J'assiste à un concert dans une file d'attente", et puis j'avais déjà vu des performances lives du Van, et je pense qu'on n'a pas loupé grand chose. Pour preuve, le final avec les on-ne-peut-plus-prévisibles
Brown-eyed Girl et
Gloria, en version assez convenue.
Le temps de vider les bouteilles passées
en schlaïde et de dégommer quelques bières (pas trop hein, à 3 euros la chope, Werchter rappelle aussi que son environnement est systématiquement hors de prix), on se positionne stratégiquement (enfin "stratégiquement", mon c*l oui !, enfin voir plus loin...) à droite. Du côté de Keith, bien entendu...
Dans un bon vieux fracas, ces bons vieux Stones commencent... On se demandait avec quoi ils allaient
starter le bazar, leur répertoire comporte assez de chansons pouvant très convenablement ouvrir le show. Dès la première note, on reconnaît
Start me up. Forcément ça marche pas mal et en 3 riffs les Stones ont mis le public dans leur poche.
Ensuite, le concert prend sa vitesse de croisière, avec malheureusement une enfilade de titres que je n'apprécie pas vraiment, même si je reconnais qu'ils sont indubitablement empreints de la touche stonienne.
Shattered,
Rough Justice,
Rocks Off,
Some Girls et
Heartbreaker, je considère déjà ça comme du Stones "tardif", malgré que certaines soient issus de la période de gloire. Mention tout de même à
Some Girls, dont je suis franchement pas fan à la base et qui groovait pas mal.
Après,
Waiting on a friend, je trouve ça déjà plus intéressant, et on a eu droit à une belle version. Je passe clairement un bon moment, mais mon concert sera gagné quand j'entends l'excellent riff d'entrée de
Can't You Hear Me Knockin' ?. Ca, c'est vraiment une des chansons des Stones que je préfère, elle est vraiment terrible !!! Ca évoquera ptêt quelque chose à certains, c'est celle qu'il y a au tout début du film Blow, pendant la très chouette séquence introductive sur la cocaïne. Cette chanson de presque 8 minutes part en impro monstrueuse free jazz, prog rock, latino,... le tout servi au saxophone par l'indispensable Bobby Keyes, LE saxophoniste original des sessions de
Sticky Fingers et
Exile on Main Street au début des années '70.
Encore sous le charme de l'interprétation épique précédente, on passe à l'inévitable Tumbling Dice, qui permet comme prévu à Lisa Fischer, leur choriste attitrée depuis perpète, de se mettre en valeur. Ensuite, une bonne reprise de Mr James Brown, bel hommage, Mick gesticule dans tous les sens (
Héé, Mick, arrête fieu on dirait un vieux sinch' ! pour ceux qui se souvienne de Jannin et Liberski dans JAADTOLY).
Et puis, ça se complique. Car si je me réjouissait de voir Keith prendre le devant de la scène tout en me méfiant un peu de ses compositions (c'est quand même pas les meilleures de leur discographie...), ben là c'était la catastrophe. Il avait déjà l'air... euh... pas vraiment absent parce qu'il avait l'être d'être là et d'encore bien se marrer, mais il en touchait pas une à la gratte, et ses chansons, ben c'était un peu d'la merde, pour parler franco. Sa voix se traînait comme pas possible, sans les choristes ça n'aurait ressemblé à rien.
Maintenant c'est parti pour la chevauchée finale. Les Rolling Stones quittent l'énorme scène pour aller se regrouper sur un petit plateau qui avance dans le public. Le stress c'est qu'on était du mauvais côté à la mauvaise hauteur alors on n'a pas vu grand chose. Mais bon, ça m'a pas vraiment posé un problème, je m'en tapais de les voir plus près, 'y a les DVD pour ça...
It's Only Rock'N'Roll et
It's All Over Now, c'est reparti pour les classiques. Bonnes interprétations, un gros
Satisfaction dont je n'attendais rien mais qui m'a finalement pris aux tripes, et à celles de ma copine aussi d'ailleurs, vu la danse lascive et politiquement très incorrecte dans laquelle elle m'a entraîné.
Le public satisfait, les
Pierres retournent
rouler sur leur énorme scène, surmontée d'une énorme langue. Ben oui, je sais pas trop comment, ils se sont débrouillés pour faire apparaître et disparaître en un temps record un gigantesque truc gonflable qui représente leur célèbre logo à la langue pendante. Pour
Honky Tonk Woman, ils ont détourné les premières secondes de la chanson pour éviter le rythme cowbell/batterie/guitare qui leur avait posé tant de problèmes il y a des décennies au point de voir leur producteur Jimmy Miller s'installer derrière les fûts à la place de Charlie
Après, nouvelle surprise : les Stones font péter
Paint It, Black ! Et, de la sorte, prouvent au monde entier qu'ils
rockent toujours. Le plus grand groupe du monde, l'évidence est là. Je me suis sincèrement senti admiratif devant ces mecs qui parviennent à te balancer du rock'n'roll pareil à leur âge, après tout ce par quoi ils sont passés. Les guitares hurlent, ces papys font du bruit ! Alors que n'espérais pas plus qu'une sage relecture tous-publics de leur back catalogue, j'ai pris mon pied pendant un moment.
Les hits défilent, on arrive à la fin avec l'incontournable et énergique
Jumpin' Jack Flash et un
Brown Sugar prévisible mais jouée avec plaisir. Mick fait des courbettes, le groupe quitte déjà (enfin, ça a bien duré 2 heures) la scène mais on sait très bien qu'ils vont revenir, quelle bande de blagueurs. La vraie question, c'est de savoir ce qu'il vont donner en rappel. On a droit à
Sympathy For The Devil. Pourquoi pas, c'est une bonne façon de clôturer, ces rythmes tribaux bien trippants, et en plus on pourra faire des "Ouh ouh".
La soirée s'achève, enfin on va mettre des heures à rentrer, mais bon, on a vu les Rolling Stones. Bordel. Evidemment, on était à des kilomètres par rapport aux concrts habituels. Evidemment, Keith aurait pu mieux assurer (même s'il a très habilement volé au secours de Ron Wood pendant le solo de
Sympathy, d'ailleurs l'éclair de complicité dans leur regard qui a suivi m'a trop fait plaisir). Evidemment, 'y a tous les inconvénients de Werchter ; dont notamment les murs d'enceintes qui se mettent à cracher (Déjà qu'on est en plaine, ce serait possible d'avoir un son convenable quand on fait payer les gens 80 euros ?). Evidemment, cette putain de caméra ne filmait jamais Darryl Jones, qui est pourtant leur bassiste depuis le départ de Wyman en '91. Evidemment, les Stones sont sur le déclin depuis 35 ans.
Mais rien à foutre. Pendant le show, ils ont par moments réussi à faire un peu oublier leur âge, et c'est bon à prendre. Mieux, ils m'ont parfois fait oublier que je mattais les-Rolling-Stones-le-plus-grand-groupe-de-rock-de-l-histoire, et je voyais juste 5 gars qui faisaient du rock, en criant, tapant sur leur guitare ou leur batterie. Et ça, pour moi ça vaut de l'or.
Putain, j'ai vu les Rolling Stones !!!