Petite séance d'auto-flagellation.
Au rayon déceptions, je trouvais Gang of Four un peu poussif (putain de batteur qui a oublié à quel point était bon il y a 30 ans), La Roux m'a littéralement fait chier (mais j'avoue que sa voix me gave très vite), enfin, pas plus que MGMT, pour moi le summum de l'emmerdement. Même pas foutus de défendre leurs hits avec un peu de pêche, j'ai l'impression que tout le monde (kids au t-shirt MGMT compris, j'ai halluciné) s'est enfui à la moitié.
Et à part ça, j'ai loupé : The Flaming Lips (de loin mon plus grand regret), The Black Keys (mon deuxième plus grand regret), Femi Kuti, Wax Tailor, Rodrigo et Gabriela, Ash, The XX, Florence + The Machine, l'apparition de la même Florence pendant Dizzee Rascal, celle de The Edge pendant Muse, Grizzly Bear, Mariachi El Bronx, Reverend & The Makers, Simian, Fatboy Slim, Boys Noize, Bombay Bicycle Club, Hot Chip, Nouvelle Vague, The Magic Numbers, Editors, Os Mutantes, Marina & The Diamonds, Foals, Devendra Banhart, Reef, les Pet Shop Boys, Jamie T, These New Puritans, Ed Harcourt, Holy Fuck, Arthur Browne … et des centaines d'autres. 'Y a de quoi pleurer, mais en fait, rien à foutre. En arrivant à ce truc, on capte très vite qu'on va pas pouvoir suivre son programme, qu'on suivra plutôt le flow.
Et le reste…
C'est juste incroyable, inexplicable. Il se passe tout le temps quelque chose, il y a presque 200 000 personnes qui ont chacune vécu un festival différent.
Et puis, on en prend plein la gueule non-stop. En se trimballant là-bas, on peut croiser des trucs tous plus improbables les uns que les autres : des véhicules tunés genre Mad Max en plus déjanté, du trapèze, des géants, des freaks en tous genres, du cirque, des spectacles de malades, un festival de cinéma (où j'ai vu un terrible court métrage, The Archive, et When you're strange, le nouveau film sur les Doors), un endroit dédié au leader du Clash, Strummerville, le Stone Circle, une sorte de reproduction de Stone Edge où des gens trippent 24h/24, un phare qui surplombe le festival, des camps avec des tipis, le Healing Field, un village esotérico-hippie, une tente avec des motards qui roulent à l'horizontale sur un Wall of Death, une autre avec des kets de 15 ans qui déchire les solo métal sur des guitares de fabrication artisanale, le teepee field pour la jouer Indiens, une zone pour les gosses… et de l'art non-stop et partout, des peintures, sculptures de mégalo et mille happenings dans tous les coins. La folie.
Tout ça, sans oublier les festivaliers avec une dégaine incroyable, et tous les déguisements possibles et imaginables (voire même inimaginables). Parmi les "participants", le traditionnel défilé de stars british : Kate Moss, Jarvis Cocker, Alex Turner, Emma Watson (who putain les photos, canon dans son petit bustier), Alex James de Blur, Pixie Geldof, même le Prince Charles ! Et on a vu Lenny Kravitz qui zonait en backstage pendant Dead Weather.
La nuit, c'est encore plus dingue, 'y a partout des trucs de fous, gladiateurs qui se fightent à l'électricité, drag-queens, show au lance-flamme sur une araignée en métal géante, et full bars, pubs ou carrément boîtes de nuits avec des milliards de scans, lasers et néons en tous genres. Outre le Dance Village, qui ressemble un peu au Pukkelpop (tout entier) avec ses tentes remplies de DJ et le Cube Henge (reproduction de Stonehenge en cubes lumineux), il y a les "quartiers" qui vivent la nuit, Shangri-La (genre de bidonville techno-asiatique à la Blade Runner), Arcadia (robots et lance-flammes), Block9 (NewYork post-apocalyptique), et leurs décors pharaoniques (mention spéciale pour le wagon de train encastré dans un immeuble du Block 9)… Sans compter tout ce que j'ai oublié ! C'est vraiment impossible à décrire sans l'avoir vu.
Petite parenthèse à trois balles : en plus, 'y a de la bouffe de fou… Fruits frais, produits bio, full english breakfast pour le matin, tapas, mille burgers de grande qualité, steak irlandais ou argentin, sushis dans un vrai resto jap', mezze libanais ou nord-africain, plats typiques du coin (pastries, pies et un tas de catastrophes gastronomiques à base de saucisses kilométriques, on est quand même en Angleterre) ou des quatre coins du monde, ça aussi, c'était la folie. Autre chose que la frite à 3 tickets ou les Vietnamese loempias des festivals belges. Fin de la parenthèse gastronomique.
De toute façon, cette "petite" review ne peut qu'être de la merde, aucun mot ne peut décrire l'expérience vécue lors de ce festival, il n'existe pas de superlatif assez fort pour expliquer l'ambiance hyper cool, à la fois rock et familiale, déjantée et bon enfant, dont les deux moteurs sont le fun et le non-conformisme. Glastonbury est un million de fois plus qu'un simple festival, c'est un délire collectif à une échelle titanesques, un truc tellement démesuré que des gens y naissent (et y meurent !), s'y rencontrent, s'y marient…
C'est vraiment vertigineux, le festival devient genre la deuxième plus grande ville de la région après Bristol, juste pour une semaine, et il s'étale sur 4 km² (à peu près la superficie du centre de Bruxelles). Tant de folie et de créativité qui à la fois part dans tous les sens et cohabite pendant une semaine, ça m'a vraiment mis sur le cul.
Clairement un des meilleurs trips de toute ma vie.
J'y retourne l'année prochaine !