Cette chronique sera laborieuse. J'ai déjà tout dit sur Oxbow, j'ai fais c'que j'ai pu. J'ai essayé de vous convaincre d'écouter, certains ont tenté et n'en sont toujours pas revenu, d'autres, qui se rasent certainement les couilles en regardant les érotiques de M6, restent de marbres sans explication possible. On peut pas comprendre Oxbow si on n'a jamais souffert de femmes. J'ai essayé, pourtant, de retranscrire la voix d'Eugène, de dire qu'elle était folle, possédée, authentique et unique. J'ai pensé à faire de la métaphore, de l'emphase, des phrases longues et pompeuses, j'ai cherché pourtant. Mais non; il y a un point où la force du réel échappe à toute symbolisation. Oxbow ne se saisit que lors du moment de l'écoute: on pourra toujours en parler, on ne fera qu'efflorer la sensation, le sentiment. C'est comme parler de cul en somme: on a beau essayer de décrire un orgasme à une femme frigide, jamais elle ne pourra s'imaginer la beauté et l'absolution totale d'un abandon corporel. Oxbow, c'est ça ouais, un orgasme (je l'ai faite finalement, la métaphore). « The narcotic story », ce serait un peu l'expérience de la masturbation: seul avec sa bite, absorbé par l'arrivée avec une garantie de réussite qui avoisine les 100%. « The narcotic story » est de ce qu'on appelle un classique instantané: on reste en famille, on sait où on va, on connait le résultat, foutre ça va être bon, peu de surprise (à moins que). C'est moins compliqué et risqué que de se chercher une partenaire, la branlette. Mais son plaisir est immédiat; c'est efficace et on ne s'en lasse jamais. Autant vous prévenir de suite, ça va groover, méchamment. Pas, ou peu de fioritures, concis et précis, sans déborder, sans s'égarer comme sur les précédents, et donc forcément moins glauque mais nettement plus hypophysaire. Et après la giclette, les membres ramollis, allongé sur son lit, une clope. Pas mal de cordes sur l'album, du piano, c'est assez mélancolique – l'âge, la peur de ne plus bander ? Le regret de ses amours de jeunesse ? On se dit qu’on n’aurait pas dû coucher avec cette nana. On le savait déjà avant, en fait. Mais on n'y résiste pas. Et quand elle s'en va, on se retrouve seul avec sa bite, encore une fois, les yeux flous dans le vague à regarder les gens passer à travers la fenêtre sous la pluie. Alors on écoute le dernier Oxbow, « She's a find », et ses relents d'une tristesse post-coïtale. Disque de l'année.