Sorry, j'ai un peu zappé le PC pour le moment.
Je ne connais pas la situation dans "les" hôpitaux mais là ou je travail, la méga galère c'était grosso-modo les 10 derniers jours où il a fallu organiser des trajets patients bien spécifiques :
- Celui qui est en bonne santé et suspect car en contact ou bien qui présente des symptômes mais qui garde un bon état général et n'a pas de facteurs de risque (âge, immunosuppression, insuffisance respi, cardiaque...).
Patient qui va rentrer chez lui sans frottis généralement sauf exception. Ces patients sont vu dans un PMA (post médical avancé) qui se trouve sur le parking du service.
- Celui qui est en moins bon état général, nécessite un bilan et pourrait être suspect de COVID car il a une plainte respiratoire, isolée ou avec des d'autres symptômes. La difficulté c'est que ces patients on les mettait dans des chambres doubles aux urgences, maintenant il faut isoler tout le monde or nous avons 80% de box double donc il a fallut organiser pas mal de chose.
Quand on les hospitalise ces patients, généralement on a pas encore le résultat du COVID donc pareil à l'étage, ils sont en isolement jusqu'au résultat du COVID.
- Les patients en détresse respiratoire sévère sont vus aux urgences "rapidement" et aussitôt que possible rediriger vers nos soins intensifs.
Ceci paraît stupide mais ça mobilise beaucoup d'attention de ne pas mélanger le patient "suspect COVID" avec le non-contaminé.
Pour le reste de l'hôpital, c'est plus curieux, on est passé en "plan d'urgence hospitalière" dit "PUH" et ça implique un arrêt de soins électifs mais j'ai l'impression que la boutique continue de tourner, moins vite certes mais on a pas encore annuler l'électif pour faire face.
En terme de matériel, on est emmerdé par la pénurie de masque en effet. On a des FFP2. Normalement il faut changer masque après chaque contact-patient mais vu le stock. On le garde autour du coup et on change tous les 8h. Ca me semble être une grosse erreur stratégique et d'hygiène mais les hygiénistes estiment qu'ils vaut mieux ça que vivre la pénurie en quelques jours. Les stocks nous amèneront comme ceci jusqu'à la fin de la semaine.
En terme humain, on a nos premiers contaminés parmi nos confrères aux urg. Les chiffres italiens et chinois montre un absentéisme de 12 à 15% (me souvient plus exactement) chez les soignants. On ne manque pas de personnel pour le moment.
Si le pic épidémique est important, on devrait avoir de l'aide des autres spé dont le planning sera mis à l'arrêt. Je pense par exemple qu'au lieu que les urgentistes voit des entorses de cheville, on fera venir un orthopédiste qui assurera la traumatologie tandis qu'on réorientera les urgentistes (plus polyvalents) vers la crise sanitaire. D'autant qu'on est face au problème depuis >1mois déjà.
Au niveau du patient, on en a vu quelques uns passer en mauvais état et COVID positif mais à l'échelle du service et notre débit, c'est ponctuel. On test un grand nombre de patient chaque jour, je pense qu'on est autour de 50-60 tests quotidiennement.
Le débit de patient et de suspicion pour le moment est tout à fait gérable pour le moment et l'avenir dépendra des mesures prises par l'état et leur mise en application par la population.
Mon avis a moi : pas la moindre de ce qui nous attend.
Au niveau des mesures des autorités, je ne sais pas si on réagit à temps, je ne suis pas si on a réagit suffisamment ou trop peu. J'ai quand même tendance à penser qu'on aurait du fermer les frontières plus tôt. Macron disait que le virus n'a pas de passeport... Ceux qui le portent bien. On verra le bilan.
En attendant, on a pris des mesures en Belgique et je pense que notre avenir à l'hôpital dépend de leur respect.
Au niveau professionnel, là où je travail, je trouve que globalement, la situation est bien gérée et l'organisation se fait méthodiquement. J'observe aussi beaucoup de solidarité entre confrères dans l'équipe.
Bref, pour le moment, nous ne sommes pas dépassés. Voyons demain, dans une semaine ou quinze jours ...