Qui aurait cru qu'on en arriverait là ? Entre Aruna et Anderlecht, c'est désormais la rupture complète.
Comme nous l'écrivions dans nos éditions de vendredi, l'Ivoirien a vidé son casier, jeudi en début d'après-midi, et alors que ses équipiers partaient à l'entraînement, il est rentré chez lui sans se retourner, fâché du sort qui lui est réservé.
Jeudi, tout le monde, dans le club, se retranchait derrière une explication aussi officielle que fausse : blessé, Aruna avait rendez-vous chez le médecin. Mais, vendredi matin, le Soulier d'or ne s'est pas présenté au stade et plus personne ne pouvait nier la vérité : Aruna Dindane est dans un tel état mental qu'il en arrive à commettre une faute professionnelle, cherchant le « clash » avec Anderlecht.
Dès la fin de l'entraînement, plusieurs journalistes se sont présentés à son domicile, mais le joueur a refusé de s'exprimer, laissant à son manager, Serge Trimpont, le soin de le faire à sa place.
Aruna vient de me dire qu'entre Anderlecht et lui, c'est fini, explique l'agent officiel d'Aruna. Il ne désire plus porter le maillot mauve, quelque chose s'est cassé entre le club et le joueur, qui se sent trahi et qui estime qu'on lui a menti. Il ne veut plus mettre les pieds au parc Astrid.
Des déclarations qui en disent long sur l'état d'esprit actuel du joueur. Pourtant, tous ceux qui connaissent un peu Aruna savent que l'Ivoirien d'Anderlecht est tout sauf un fou, un voyou ou un perturbateur. Depuis son arrivée au Sporting, en 2000, tout le monde, dans le club, n'a eu qu'à louer son comportement, malgré deux cartons rouges qui ont failli lui coûter très cher.
Comment, dès lors, en est-on arrivé là ? En fait, il faut revenir plusieurs mois en arrière. En janvier, Aruna reçoit le Soulier d'Or lors d'une soirée qui se transforme en plébiscite. A partir de ce moment-là, il se dit qu'il va quitter le club en fin de saison, après avoir été champion et joué une centaine de matchs en D1 en 4 ans.
Bref, il aura fait le tour de la question et, à 23 ans, il pourra aller monnayer son indéniable talent dans un grand club d'un grand championnat en Europe. Comme Jan Koller l'a fait avant lui. Pour l'Ivoirien, le parcours du grand Tchèque est devenu un exemple. Comme lui, il s'est fait un nom au parc Astrid, comme lui, il a remporté le Soulier d'or et comme lui, il veut quitter le club par la grande porte en réalisant un bon transfert alors que le Sporting remplirait ses caisses. Mais, en mai, Anderlecht ne voit rien venir et Aruna rejoint son équipe nationale en Côte d'Ivoire et dispute trois matchs au mois de juin. Là, il côtoie des joueurs qui viennent d'être transférés, comme Zokora, Yapi Yapo, Boka et surtout Drogba, couvert d'or à Chelsea.
Et Aruna revient à Anderlecht l'esprit chagrin, n'envisageant pas une cinquième saison en D1 belge, malgré l'attrait de la Ligue des champions. Il se dit que quand il a prolongé son contrat (jusqu'en 2006) l'an passé, la direction lui a promis de ne pas bloquer son transfert si une bonne offre arrivait et il reste donc confiant. Mais dans les bureaux du stade Vanden Stock, on ne vise qu'un seul objectif : briller en Ligue des champions. Roger Vanden Stock et Philippe Collin, les hommes forts du club, savent qu'ils ne pourront par éternellement retenir des éléments comme Kompany, Aruna, Wilhelmsson, voire Baseggio. Et ils se disent donc que c'est cette année ou jamais qu'ils ont une chance de réaliser un très bon parcours en C1. Et voilà le dialogue de sourds entre les deux parties qui se transforme au fil des semaines en bras de fer. Et les managers - car au-delà de son agent officiel, beaucoup de monde flaire évidemment le bon coup - entrent dans le jeu. Portsmouth fait une offre - même si celle-ci n'a jamais été claire - et Anderlecht refuse. Puis, Lyon entre dans la bataille - Paul Le Guen a régulièrement téléphoné à Franky Vercauteren pour suivre l'affaire - puis West Bromwich et, enfin, Tottenham. D'après les dernières informations, les deux clubs anglais sont près à débourser entre 5 et 7 millions. Anderlecht juge les offres « ridicules » et s'assied sur le
contrat d'Aruna. Celui-ci est le héros du match contre Benfica, mais il ne change pas d'avis pour autant : il veut partir et craque, jeudi, quand il apprend que Seol part pour... l'Angleterre. Le Coréen avait une clause dans son contrat lui permettant de partir pour un montant de 2 millions d'euros.
Depuis, Aruna reste cloîtré chez lui. Et attend on ne sait quelle suite à une histoire qu'on espérait beaucoup plus belle...