Organisateurs et compétiteurs du Dakar ont entamé une vaste réflexion suite aux décès de deux enfants, en Guinée, vendredi, et au Sénégal, samedi. Nombre d'engagés, itinéraire, capacité des autorités locales à assurer la sécurité : toutes ces questions et bien d'autres sont ouvertes.
La caravane du Dakar-2006 a le plus grand mal à se remettre en question après les deux décès de jeunes garçons survenus sur son passage vendredi et samedi, tant elle a l'impression de tout faire pour que la sécurité soit maximale sur le rallye-raid.
Depuis six ans, une limitation de vitesse à 50 km/h a été mise en place dans les zones habitées et des messages de prévention sont diffusés pour avertir la population du passage du rallye. Et depuis l'année dernière, l'organisation a les moyens de contrôler chaque véhicule grâce à un mouchard placé dans son GPS.
D'ailleurs, les deux accidents mortels n'ont pas eu lieu dans des villages. Le premier s'est déroulé vendredi à 6 km de la première zone habitée dans une spéciale et le second, samedi, sur une route nationale empruntée par les véhicules d'assistance. "Même si la finalité est la même malheureusement, ce sont deux choses différentes", a souligné Bruno Saby (Volkswagen). "Hier cela se passait pendant la course, aujourd'hui c'est un accident de la circulation. Il ne faut pas confondre."
Croissance difficilement maîtrisable
Il reste que ce dernier accident soulève la question de l'augmentation de la taille du rallye. Depuis quelques années, il bat record sur record de participation et le nombre de véhicules d'assistance ne cesse de gonfler. Cette année, 712 véhicules sont partis de Lisbonne, sans compter ceux de l'organisation. "Ça fait deux ans qu'on part avec ces chiffres-là et j'ai l'impression qu'on les maîtrise", affirmait pourtant dimanche dernier le directeur de l'épreuve Etienne Lavigne à Nouakchott.
Or, sur l'étape Labé-Tambacounda, vendredi, les images montraient clairement qu'après le passage des premiers concurrents, la vigilance des spectateurs s'atténuait. "C'est aux pays traversés de faire attention et de mettre les moyens à disposition pour canaliser la foule", estime Thierry Magnaldi (Schlesser-Ford). Difficile pourtant à demander aux Etats traversés, tant cela requiert souvent une infrastructure au-dessus de leurs moyens. C'est sans doute davantage aux organisateurs de mieux jauger les risques.
Vendredi, ils ont simplement songé à décaler le départ de l'étape, alors qu'ils avaient pu constater le jeudi soir la difficulté à canaliser l'enthousiasme de la foule guinéenne.
Eviter les zones peuplées
Le rallye doit donc peut-être songer à éviter désormais ces zones trop densément peuplées. Surtout si, comme l'admet Etienne Lavigne, "l'accident est malheureusement possible dès le début d'une compétition de sports mécaniques qui se déroule sur ce type de terrain."
Certains concurrents commencent à s'y résoudre. "Les organisateurs vont devoir prospecter dans des pays, où il n'y a pas de population", estime Saby. Quoi qu'il en soit, bien peu évoquent un possible arrêt du rallye, tant il leur semble ancré dans le paysage sportif. Ils soulignent également que la course génère directement ou indirectement de nombreux emplois.
Et le maintien de la dernière étape, non chronométrée, avec remise des trophées sur un podium au Lac Rose dimanche n'est guère plus critiqué. "Il faut qu'il y ait une arrivée, je ne vois pas ce qu'ils peuvent faire", déclare Magnaldi.
David Frétigné (Yamaha) estime néanmoins que "si ça peut provoquer une prise de conscience, bien sûr, il ne faut pas courir dimanche", estime le motard de Villefranche-de-Rouergue. "Il faut le faire pour les petits."