Et personnellement, j'ai du mal à comprendre comment afficher aux yeux de tous (= réseau social) ton calvaire est plus simple qu'en parler en privée au personnes dont c'est la tâche de t'épauler à travers cette épreuve et de te guider dans les démarches judiciaires. Que le mouvement "Metoo" aide à délier les langues en disant "moi aussi j'ai été victime, mais j'ai enfin eu le courage d'entamer les démarches", ok. Qu'il se transforme en vendetta publique sans aucune forme de procès légal en mode "Machin m'a battue/violée, c'est un gros connard, faut lui pourrir sa vie", je ne le suis plus. Car ça devient une arme utilisée à mauvais escient, que ce soit vrai (comme souvent j'imagine) ou faux.
#quiveutdupain
(Ps : alors, je te quote car ça fait la synthèse, mais il y en a pour tout le monde ici, pas juste toi)
Il faut arrêter l'hypocrisie aussi. Laisser faire la justice ... qui est reconnue justement comme étant grandement inefficace pour ce genre de cas car ce n'est pas un crime "classique" pour lequel le système de preuves matérielles a été prévu. Que ce sont souvent des témoignages (une des preuves la plus faible) contre d'autres témoignages des années après les faits allégués. (27 ans après les faits, si je vais accuser qq'un d'abus sexuel sur mineur ... c'est ma parole contre la sienne, quoiqu'il se soit passé)
D'ailleurs, ce n'est que récemment, comparé aux autres crimes, que ceux-ci ont été reconnus et sont punissables (et encore, c'est difficile et pas tous). Parce que la société considère ça comme tabou et relevant de la sphère privée. T'es chef de famille, tu violes et bats ta femme et tes enfants, ça te regarde.
Regarde, rien que dans ta réaction, faire ça en privé, avec des spécialistes, en justice, sans faire trop de bruit. Alors que c'est aussi profondément émotionnel.
(Ps : j'ai travaillé avec une victime de harcèlement, résultat, la justice n'a pas donné grand chose, tous les témoins ont fermé leur gueule car ils ne voulaient pas perdre leur job, et la personne en question a juste pu changer de vie et de travail ... avec la harceleuse qui a gardé encore pendant qq années une épée de Damoclès concernant l'avenir professionnel de la victime. Et puis tu te demandes pq il n'y a pas de confiance dans le système.)
C'est aussi reconnu que le procès est très destructeur pour la victime, qui doit encore une fois se justifier d'être victime et de ramer à contre courant, avec tout une société qui la juge et qui parfois en rajoute une couche. Il y a une forte stigmatisation de la victime (c'est de sa faute si ça lui est arrivé, ce genre de choses n'arrivent pas aux gens "normaux").
(on a déjà de beaux exemples rien qu'ici)
Et forcément quand ça se passe avec des personnes "publiques/médiatiques" que ça va faire les journaux et que tout le monde va y aller de son commentaire. Qu'il va y avoir des pressions supplémentaires car leur boulot et leurs revenus c'est aussi leur image.
Je comprends qu'une victime qui s'en est sortie, qui est passée outre et qui se reconstruit n'ait pas envie de revivre tout ça et ne porte pas plainte. Elle fait justement ce qui est préconisé ici, trouver ce qu'il faut pour surmonter cette épreuve en privé et mettre ça derrière soi. (sans rentrer dans toutes les considérations de culpabilité, etc., qui mène au silence voir parfois même au retour de la situation en question, je connais une personne que je pense identifier comme étant dans une relation abusive et qui pourtant y retourne après en être sorti)
Pour prendre une comparaison exagérée, bcp de victimes d'un vol apprennent à mettre ça derrière soi et laissent le voleur en liberté en toute impunité (et qui fera d'autres victimes). Et pourtant on parle plus facilement de s'être fait volé un truc. (pas la même échelle, pas le même regard social)
Et donc, je comprends parfaitement qu'une victime cherchant reconnaissance et justice, devant l'inefficacité flagrante du système judiciaire, se résolve à utiliser la dénonciation publique et la vindicte populaire. Je ne dis pas que c'est juste, je ne crois pas que c'est juste, mais je comprends que ce soit vu comme la solution ultime qui fasse bouger les choses. C'est dire l'état d'esprit de la victime de se dire qu'avoir recours à ce système est sans doute moins pire que ce qu'elle vit actuellement.
Maintenant, la vindicte populaire c'est la porte ouverte à tous les débordements. Une chasse aux sorcières incontrôlable. Alimenté par les médias et la presse à sensation qui voir l'opportunité de faire fortune avec un public voyeur et avide de ce genre d'histoires.
Bref, si la justice faisait effectivement son travail, si nous n'étions pas une société qui stigmatise ces victimes, il n'y aurait effectivement pas de tentative de recours à la dénonciation publique.
Maintenant, l'affaire actuelle, je n'en sais fichtre rien. Je n'ai pas d'avis particulier sur la question. Juste que si la personne se bat depuis des années à ce sujet avec constance, c'est qu'il y a probablement un fond de vérité dans ce qui est raconté. Ne serait-ce qu'au niveau de son ressenti.
#tartinéletartineur