On prend son souffle : Les Producteurs est l’adaptation au cinéma de la comédie musicale à succès montée en 2001, qui était elle-même tirée du film de Mel Brooks Les Producteurs (196
. La mise en abyme ne s’arrête pas là. Pour mémoire, l’histoire est celle d’un producteur ruiné et déconsidéré de Broadway à qui son comptable explique qu’un bide retentissant peut être une excellente affaire. Ensemble, ils décident de monter le pire des spectacles, de façon à quitter l’affiche illico, avec tout l’argent collecté pour le financement.
Or le parti adopté par la réalisatrice (chorégraphe et metteur en scène de la comédie musicale) n’est pas sans évoquer celui des protagonistes préparant leur flop. Outrance kamikaze à tous les étages, et spécialement dans la direction d’acteurs (entre autres Matthew Broderick et Will Ferrell) : on a rarement vu le surjeu poussé à ce degré d’hystérie grimaçante non-stop. C’est évidemment tout sauf gracieux, parfois pesant, mais c’est une manière de conjurer les conventions (résistantes) du musical. Cela réussit en tout cas à Uma Thurman, assez démente en gigantesque secrétaire suédoise aux propos fonctionnels – « Ulla faire l’amour entre 11 heures et midi ».
A son numéro s’ajoutent quelques séquences étrangement salaces, à même de réveiller tout spectateur somnolent. Comme ce ballet de rombières riches et séniles, chacune agrippée à son déambulateur, mais toutes en rut, aimantées par le producteur qui les plume pour son spectacle en échange de Dieu sait quoi.