[...] la reconnaissance du droit des persécutés à une protection et à un asile, fondement des préoccupations humanitaires traditionnelles à l'égard des réfugiés, remonte aux temps les plus anciens. Le mot asile vient du grec et signifie étymologiquement "lieu qu'on ne pille pas", allusion à une tradition de cette époque lointaine où celui qui cherchait refuge dans un lieu sacré et inviolable était à l'abri de ses persécuteurs. Après des générations, où ce principe fondamental a été quelquefois respecté et souvent méconnu, le droit d'asile des réfugiés politiques a été, d'une manière générale, admis par les gouvernements au dix-neuvième siècle. En 1830, la Belgique fut la première nation des temps modernes à incorporer dans une loi le principe que les personnes qui se sont enfuies d'un pays en raison d'un délit politique ne doivent pas être renvoyées, par extradition, dans leur pays d'origine. Après la révolution de 1848, on a largement reconnu la valeur et l'intérêt du droit d'asile politique, en tant que prérogative dont chacun pouvait se prévaloir à tout moment. Il suffit, pour le constater, d'un coup d'oeil sur la liste des réfugiés fameux. Pourrait-on, en effet, imaginer des esprits plus divers que ceux de Thomas Hobbes, de John Locke, d'Hugo Grotises, de Voltaire et d'Einstein, pour ne citer que quelques-uns des grands hommes qui se sont vus contraints, à cause de leurs idées, de quitter leur patrie et leur milieu et de chercher refuge dans un autre pays? [...]