es vaccins contre le Covid sont-ils vraiment sûrs? Les réponses de dix spécialistes belges en l'état actuel des connaissances
Alors que la campagne de vaccination suit "gentiment" son cours en Belgique, certaines informations continuent de circuler, notamment sur les réseaux sociaux, alimentant la méfiance vis-à-vis des vaccins contre le Covid-19. D'où l'hésitation vaccinale tout qui peut subsister chez certain(e)s. A un moment charnière du processus de vaccination, La Libre a estimé utile de refaire un point sur l'état actuel des connaissances, avec le recul dont on dispose à ce jour. Pour ce faire, nous avons contacté plusieurs experts, virologues, immunologues, infectiologues belges. Voici les réponses consensuelles qui ont résulté des divers échanges que nous avons pu avoir avec les différents contributeurs à cette "œuvre collective"
Les vaccins contre le Covid sont-ils vraiment sûrs? Les réponses de dix spécialistes belges en l'état actuel des connaissances
Alors que la campagne de vaccination suit "gentiment" son cours en Belgique, certaines informations continuent de circuler, notamment sur les réseaux sociaux, alimentant la méfiance vis-à-vis des vaccins contre le Covid-19. D'où l'hésitation vaccinale qui peut subsister chez certain(e)s. A un moment charnière du processus de vaccination, La Libre a estimé utile de refaire un point en l'état actuel des connaissances, avec le recul dont on dispose à ce jour.
Pour ce faire, nous avons contacté plusieurs experts, virologues, immunologues, infectiologues belges. Voici les réponses consensuelles qui ont résulté des divers échanges que nous avons pu avoir avec les différents contributeurs à cette "œuvre collective".
En l'occurrence:
Pr Sophie Lucas, professeur en immunologie à l'UCLouvain, Institut de Duve
Pr Leïla Belkhir, infectiologue, Service de Médecine interne et maladies infectieuses, Cliniques universitaires Saint-Luc, chargée de cours à l'UCLouvain
Pr Michel Goldman, professeur en immunologie, ULB
Pr Jean-Michel Dogné, directeur du département pharmacie de l’Université de Namur et membre de la Task Force vaccination
Dr Eric Muraille, biologiste et immunologiste, ULB
Dr Nicolas Dauby, spécialiste des maladies infectieuses au CHU Saint-Pierre, et spécialiste post doctorant FRS-FNRS, ULB
Dr Yves Van Laethem, infectiologue, CHU Saint-Pierre et Président de la section vaccination du Conseil supérieur de la santé
Pr Pierre Coulie, professeur en immunologie à l’UCLouvain, Institut de Duve
Dr Jean Ruelle, virologue et chercheur qualifié FNRS à l'Institut de recherche expérimentale et clinique de l'UCLouvain
Pr Michel Moutschen, chef du service d'infectiologie, CHU de Liège
Peut-on affirmer que ces vaccins sont réellement efficaces alors que des personnes vaccinées ont été infectées?
Toutes les données recueillies dans les pays où la vaccination est bien avancée convergent: les vaccins sont extrêmement efficaces pour prévenir les formes graves conduisant à l'hôpital. Il est vrai que certaines personnes vaccinées peuvent néanmoins s'infecter et même transmettre le virus. La grande majorité d'entre elles présentent une charge virale faible et sont asymptomatiques ou présentent des symptômes modérés. Aussi les précautions sanitaires (masques, distanciation sociale..) ne peuvent-elles être oubliées du jour ou lendemain. Aujourd'hui, en Belgique, d'après le dernier rapport de Sciensano, les personnes entièrement vaccinées représentent 2,3 % des patients infectées hospitalisés.
Pourquoi peut-on dire que les vaccins contre le Covid-19 sont particulièrement sûrs?
Parce qu’ils sont administrés pour la plupart depuis plus d’un an, soit depuis le début des essais cliniques de phase 3, à un très grand nombre de personnes. Après plus de 3,5 milliards de doses administrées sous une surveillance plus étroite que jamais au niveau international, les conclusions scientifiques sont incontestables: les vaccins contre le Covid-19 ayant reçu une autorisation de mise sur le marché au niveau européen après une analyse rigoureuse de l'Agence Européenne des Médicaments (EMA) sont sûrs et efficaces. Ils continuent à être suivis de manière rigoureuse tant au niveau de l'efficacité dans le temps et contre les variants qu'au niveau de leur sécurité.
Quels sont néanmoins les principaux effets secondaires qui ont été répertoriés et dans quelles proportions?
Parmi les effets indésirables rapportés, la grande majorité était de la fièvre, des douleurs musculaires, un malaise et des réactions (douleurs) au point d'injection. Ces effets indésirables sont bénins et disparaissent après quelques jours. Ils caractérisent des réactions normales à la vaccination suite à une activation du système immunitaire. Avec les vaccins à ARNm (Comirnaty ou Pfizer/BioNTech et Spikevax anciennement connu sous le nom de vaccin Moderna), ces effets indésirables ont été plus fréquemment signalés après l'administration de la deuxième dose, tandis qu'avec Vaxzevria (AstraZeneca), ils ont été plus fréquemment signalés lors de la première dose.
Des effets secondaires plus graves ont été observés avec certains vaccins de manière exceptionnelle, c’est-à-dire généralement chez moins d’une personne sur 100 000 vaccinées. Ces événements rarissimes comprennent principalement pour les vaccins Vaxzevira et Janssen (ou J&J) des accidents très particuliers comme le syndrome thrombotique thrombocytopénique (ou STT) - à différencier des thrombo-embolies dites classiques -, le syndrome de fuite capillaire ou le syndrome de Guillain-Barré. Des événements de myocardite (inflammation du myocarde, muscle cardiaque) et péricardite (inflammation du péricarde, membrane recouvrant le cœur) peuvent également survenir dans de très rares cas après la vaccination avec les vaccins contre la Covid-19 Comirnaty et Spikevax . Les myocardites post vaccin ARN surviennent habituellement dans les quelques jours qui suivent la deuxième dose du vaccin ARNm. Dans l'immense majorité des cas, la guérison rapide est la règle.
Il est important de constater que pour les différents vaccins, les bénéfices en terme de prévention des décès et hospitalisations l'emportent très nettement sur ces risques rares dans les recommandations d'utilisation. Les vaccins sont donc sûrs et efficaces. Non seulement ils protègent parfaitement des formes sévères, et ce même contre les variants actuellement en circulation, mais en plus, ils réduisent la dissémination du virus.
Y a-t-il des contre-indications à se faire vacciner pour certaines personnes?
Une hypersensibilité à la substance active ou à l’un des composants (excipients) est une contre-indication commune à chaque vaccin. Par ailleurs, une seconde dose de vaccin ne doit pas être administrée chez les personnes ayant présenté une réaction anaphylactique (réaction allergique exacerbée) après la première dose.
Les personnes qui ont présenté un syndrome thrombotique thrombocytopénique (STT) suite à la première dose de vaccin par Vaxzevria (Astra-Zeneca) ne recevront pas de seconde dose.
Enfin, avec le vaccin Vaxzevira (Astra-Zeneca) et Janssen (ou J&J), les personnes ayant déjà présenté des épisodes de syndrome de fuite capillaire ne doivent pas recevoir le vaccin. Il s'agit d'une maladie systémique sévère caractérisée par des épisodes d'hypotension, d'œdème et d'hypovolémie (volume de liquide circulant dans les vaisseaux trop faible).
Pouvez-vous assurer à 100 pc qu'il n'y aura pas d'effets secondaires à long terme ?
Non, il n'y a pas de certitude possible quant à la survenue ou non d'événements futurs aléatoires.
Cependant, à ce jour, il n’existe aucune observation objective, et aucune explication scientifique rationnelle suggérant que les vaccins contre le Covid-19 puissent causer des problèmes de santé, comme l'infertilité souvent citée. Pour les quatre vaccins utilisés en Belgique, les études effectuées chez l’animal n’ont pas mis en évidence d’effets délétères directs ou indirects sur la reproduction.
Pour ce qui est des effets à long terme, nous savons que la plupart des effets secondaires apparaissent dans les six semaines suivant la vaccination. Ceux-ci sont pris en compte lors des essais cliniques qui, pour un vaccin contre le coronavirus, ont inclus un nombre de participants beaucoup plus important que pour la plupart des autres vaccins en cours de développement.
Le risque d’effets secondaires graves après l’approbation du vaccin est donc faible même si l'on ne peut jamais l’exclure complètement. Cela s’applique non seulement aux vaccins contre le coronavirus, mais aussi à tous les médicaments. C’est pourquoi, même après l’autorisation de mise sur le marché, des études de surveillance des effets secondaires à moyen et plus long terme des vaccins sont entreprises au niveau international.