’exécutif bruxellois mène actuellement des discussions pour définir les dossiers prioritaires d’ici 2024. La crise sanitaire a coûté du temps et de l’argent. Il faudra faire des choix. Dans deux ans et demi, chaque parti doit présenter des réalisations aux électeurs. À mi-législature, il est toutefois utile de revenir sur le « bon bilan écologique » de la majorité, expliquent les trois ministres verts bruxellois. Alain Maron (Ecolo), Elke Van den Brandt (Groen) et Barbara Trachte (Ecolo) soulignent à quel point Bruxelles devient chaque jour une ville plus agréable, durable, adaptée aux défis de demain. « Bruxelles change, est en train de changer et va continuer à changer », se félicite Alain Maron, en charge de la Transition climatique et l’Environnement. « L’écologie repose sur trois piliers : l’environnement, le social et l’économique. Il se fait que ces politiques, y compris la mobilité, ont été dévolues aux Verts ». Compétente pour la Mobilité, Elke Van den Brandt complète : « Ecolo-Groen, c’est une alliance qui fonctionne très bien. On se connaît depuis longtemps ».
Début 2021, l’exécutif n’a pas remanié son accord de majorité. Divers acteurs bruxellois l’ont regretté à l’époque. Ils estimaient nécessaire la prise en compte des réalités du monde post-Covid. « Ce travail est en cours au gouvernement avec la repriorisation. La crise du Covid a toutefois d’abord et avant tout mis en exergue qu’on était dans le bon sur la plupart des thématiques », explique Alain Maron. Elle confirme en effet l’urgence de la transition écologique et de la verdurisation de Bruxelles, poursuit sa collègue néerlandophone : « Le caractère essentiel de l’espace public en ville est encore devenu plus évident. 60 % des Bruxellois n’ont ni jardin, ni terrasse. Il faut investir. C’est bien pour le climat, mais aussi pour les habitants précarisés. C’est aussi pour ça qu’on a diminué les tarifs à 12 euros pour les jeunes ». Chargée de la Transition économique, la secrétaire d’État Barbara Trachte enfonce le clou : « Tout le monde a ouvert les yeux sur les vulnérabilités d’un système mondialisé, à flux tendu, qui se fonde sur l’extraction de matières premières. Nous, on en était déjà conscients avant ».
La majorité prévoit une réorientation des aides économiques d’ici 2030. Ce travail progresse, se félicite-t-elle. « Les critères d’investissement de Finance.brussels ont déjà été modifiés. On ne peut plus investir dans quelque chose de néfaste pour l’environnement. On a rédigé le contrat de gestion de citydev.brussels pour qu’il accueille plus d’entreprises productives. C’est important d’avoir de telles activités en ville. On donne de la prévisibilité aux entreprises. Elles savent où on va ». Cette planification à long terme concerne aussi l’isolation énergétique, les transports en commun ou encore la qualité de l’air avec la zone de basses émissions (LEZ), estime Alain Maron. « On dit aux gens : “Voilà l’objectif 30-35 et voilà ce qu’on commence à mettre en place tout de suite”. En termes de mobilité, les Bruxellois sentent déjà la différence avec le monde d’avant, assure Elke Van den Brandt. « Avec la zone 30, on a déjà moins d’accidents. Les nouveaux plans de circulation sont en train d’être mis en place. Avec le Covid, on a aussi mis 40 km de pistes cyclables en plus ».
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Certaines politiques ne seront toutefois pas pleinement effectives avant 10 ans. Tel est par exemple le cas de la réorientation des outils économiques. Pour d’autres, comme le plan de rénovation énergétique, les chiffres font aujourd’hui défaut. La majorité prévoit de multiplier le taux de 2019 (1 %) par trois ou cinq. Alain Maron ne dispose pas encore de ceux de 2020 et 2021. « Les chiffres qu’on a, et qui sont clairs, ce sont ceux d’utilisation des primes, qui ont augmenté drastiquement. Tripler le taux, c’est un objectif qu’on ne peut pas remplir en deux coups de cuillère à pot. Et la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, c’est dans 9 ans. C’est un horizon relativement rapproché. Tout se met en place pour atteindre ces objectifs ».
L’état des finances de la Région interroge sur sa capacité à financer son métro. Des experts prévoient ainsi un doublement de sa dette entre 2019 et 2024. Pour la prochaine législature, le ministre des Finances Sven Gatz (Open VLD) proposait récemment d’y consacrer l’entièreté de la dotation de Beliris (125 millions d’euros par an). Quant au patron de la Stib, il estimait, début janvier, une aide gouvernementale nécessaire pour boucler son budget 2022. Elke Van den Brandt a pris bonne note de la proposition de son partenaire libéral. « Cette législature, on a prévu des moyens. Ce n’était pas évident. Je remercie tous mes collègues. C’est un projet coûteux. Le débat de son financement, il faudra le mener au gouvernement ». Par ailleurs, l’exécutif cherchera des solutions pour la Stib. « Durant cette période, ils ont moins de revenus. On en est conscient ».
Enfin, la majorité prévoit d’accroître le nombre de logements abordables. Le trio vert se retrouve derrière cet objectif. Il réaffirme toutefois sa volonté de protéger au maximum les espaces verts de la capitale. Voilà un des dossiers sur lesquels s’opposent les visions d’Ecolo-Groen et du PS. Certains sites comme la Ferme du Chant des Cailles, à Watermael-Boitsfort, et la friche Josaphat, zone de 24 hectares à cheval sur Schaerbeek et Evere, cristallisent les tensions. Ils font office de dossiers symboliques. « Il faut préserver l’intégrité du Chant des Cailles. C’est un projet exemplaire d’agriculture urbaine et de cohésion sociale », tranche Alain Maron. Pour la friche Josaphat, il faudra modifier le plan d’aménagement directeur (PAD), qui prévoit 1.200 logements, en fonction des résultats de la récente enquête publique. « Ce sera notre ligne ».
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De la première moitié de législature, il ressort qu’une partie du PS bruxellois ne s’est jamais retrouvée dans l’accord de majorité de 2019. « Le PS était autour de la table. Plus que ça : il était à la tête des négociations. Je n’imagine pas qu’il ne leur convienne pas », explique Alain Maron. Concernant le sensible dossier de l’abattage rituel, qui vient d’atterrir au Parlement, il conclut : « Il n’est pas nécessairement positif que la majorité se déchire sur des dossiers. Néanmoins, nous avions convenu entre nous qu’il pouvait y avoir une liberté de vote sur ce dossier ».