Désolé mais le discours écologique a été accaparé par une orientation politique très à gauche.
...
Ça n'est pas très compatible avec une vision orientée sur l'économique.
J'aimerais énormément entendre un discours écologique autre que ce que j'entends principalement aujourd'hui cad arrêter de consommer et faire son potager au fond de son jardin en roulant à vélo.
Il y a bcp de choses là-dedans, de quoi écrire un bouquin complet (certains l'ont fait), et ça prendrait des heures à vulgariser (d'autres l'ont fait).
Ce que je vais faire est anti-pédagogique ... mais ... c'est faux.
Maintenant, il faut nuancer et développer (oui, tartine, mais comment voulez-vous avoir une idée développée si on doit s'en tenir à 2-3 lignes).
Oui il y a des "extrémistes" qui se sont emparés de la question écologique et qui l'ont liée à des programmes économiques extrêmes. Tout comme "à droite", on pourrait dire qu'on a des climato-sceptiques qui ont fait de même, liant les questions écologiques à des programmes économiques extrêmes.
À la base, l'économie c'est :
"Ensemble des activités d'une collectivité humaine relatives à la production, à la distribution et à la consommation des richesses."
Dire que ce n'est pas compatible avec l'économie, c'est un non-sens. C'est une autre façon d'envisager l'économie, mais c'est économique.
Maintenant, quand on parle d'économie, on pense généralement à la "théorie" économique dominante qu'on peut classer très vite fait en "néolibéral - orthodoxe" qui a pris le dessus pour des raisons historiques et philosophiques, au point qu'elle s'est développée en doctrine idéologique (encore une fois, ça manque de nuance, mais j'essaie de tenir en une tartine gamerz, il y a moyen de passer des centaines d'heures sur le sujet).
Il existe pourtant des courants hétérodoxes, qui s'amplifient d'ailleurs avec le progrès technologique. Ceux-ci ne veulent pas forcément renvoyer l'homme à l'âge de pierre, mais proposent une vision différente de l'économie et de la façon de l'approcher. Des visions qui peuvent très bien être capitalistes, démocratiques et qui peuvent intégrer la composante écologique sans problème.
Car il faut garder à l'esprit que l'économie est une construction humaine. Ce n'est pas une loi de la nature, un impératif divin ou autre, c'est juste la façon dont on a décidé d'organiser notre société. C'est une façon parmi d'autres et rien ne nous empêche d'en changer.
Donc, par essence, un discours écologique est un discours économique. Il propose une façon d'organiser la production, distribution et consommation des richesses de la société.
Maintenant, deuxième partie, le clash avec la "théorie" économique dominante.
Il y a bcp de choses à dire sur ce point. Pour résumer je vais forcément prendre des gros raccourcis et laisser certains points de côté.
Comme tu l'as fait remarquer avec les travaux de Jancovici, nous sommes dans une société organisée autour de la croissance continue. Cette croissance est permise par la consommation tjs plus grande d'énergie ... principalement fossile.
Dans la mesure où nous n'avons pas développé d'énergies alternatives suffisantes pour maintenir cette croissance en se passant des énergies fossile, effectivement, une approche écologique qui nécessite une diminution ou un arrêt de la consommation des énergies fossile va à l'encontre du principe de la croissance tel que nous le connaissons ajd.
Donc, dans ce sens-là, oui, je suis d'accord avec ce que tu dis, ce n'est pas compatible avec la "théorie" économique dominante actuelle. Les objectifs sont opposés. Plus de croissance plus vite (et donc consommation d'énergie fossile) d'un côté avec de l'autre une "nécessité" (?) d'arrêter l'usage des énergies fossile qui permettent cette croissance exponentielle.
Il y a deux autres points d'achoppement que je vais soulever (parmi d'autres hein, j'essaie de me maintenir à une tartine gamerz).
Premièrement, la "théorie" économique dominante part du principe fondamental que tout est remplaçable. On part du principe que l'évolution technologique trouvera toujours une façon de remplacer quelque chose, ou qu'on pourra toujours se tourner vers un produit moins performant mais substituable.
C'est ce qui fait dire, en caricaturant, que s'il n'existe plus de pommes sur terre, à un moment l'homme se mettra à manger des clous.
On voit bien la contradiction arriver avec les questions écologiques actuelles. Pour certaines choses, on ne voit pas comment on va pouvoir remplacer ces biens et produits.
Donc, encore une fois, on a deux visions qui s'opposent. D'un côté le "c'est pas grave, on trouvera un substitut", et de l'autre "en fait, pour certaines choses, on ne sait pas quel substitut on va trouver".
C'est de là que viennent certains discours du "laisser faire", quand ce sera important, "le marché" trouvera de lui-même une solution. Opposé à d'autres qui disent que "le marché" a actuellement une vision à très court terme, que les solutions n'arrivent pas par miracle et qu'il est temps d'orienter nos efforts pour les trouver.
(j'avoue, c'est un premier point bis)
Deuxième point, c'est l'impact économique. Les économistes de la "théorie" dominante soutiennent que les scientifiques "écologique" n'ont pas une bonne approche ("réaliste") de l'économie et de l'impact que ça aura, et inversement dans les critiques scientifiques.
La principale critique (du point de vue scientifique "écologique") est que le modèle de risque économique est tourné vers le passé, vers ce qu'on connaît. Qu'il n'est pas fait pour prévoir les nouveaux risques. Un changement de climat à l'échelle planétaire est un risque qui ne rentre pas dans les modèles.
Ensuite, ils disent que le risque concernant l'agroalimentaire et les énergies fossiles est minimisé encore une fois, notamment relativement au premier point. Ils disent qu'on ne pourra pas, dans l'état actuel des choses, trouver un substitut convenable.
Si on n'a plus de quoi manger, c'est tout le reste qui s'effondre.
Du côté économique (ça va sembler caricatural, je sais, des raccourcis, tout ça), on soutient que les modèles de risques sont bons, qu'on a étudié comment l'économie s'est développée et adaptée dans les régions chaudes du globe (ce n'est pas parce qu'il fait chaud que le Texas ou la Californie ne sont pas développés) et que les secteurs à risques sont minimes (alimentaires et pétrole ne représentent pas 10% de l'économie, et principe de substitution, seulement une partie sera impactée car on trouvera de quoi remplacer) et ne représentent que quelques pourcents du PIB des pays.
Donc oui on risque une crise, mais de faible ampleur, surtout qu'on trouvera des solutions en temps voulu.
Donc voilà. Oui, il y a un clash entre ces deux visions, pour des raisons bien précises.
Mais l'écologie est économique. Ce n'est pas incompatible de base avec l'économie. C'est juste en contradiction avec une vision particulière de l'économie.
On a d'autres visions, capitalistes et démocratiques (même si d'un point de vue philosophique on peut dire que ces deux principes sont opposés) qui peuvent très bien inclure une vision écologique également. Mais probablement pas une économie de croissance exponentielle basée sur la consommation d'énergie fossile. Ça, ça sera compliqué.
Et il y a bcp de question et de recherche en économie pour justement découpler la croissance à la consommation d'énergie fossile. Donc on cherche à préserver la croissance, on ne va pas que dans des directions de stagnation ou de décroissance.
On cherche à voir comment on peut maintenir notre niveau de société sans les énergies fossile.
Sur ce, je vais aller manger et profiter de mon samedi après-midi. ^ ^
Edit : et oui, je pense qu'on peut réinventer notre société, faire les choses autrement.