Le fait est que nos sociétés se radicalise et se durcisse bien plus vite qu'avant, ce qui aboutis à des réactions plus autoritaires et instinctives. Le temps de la réflexion n'est plus, le peuple veut de l'action, tant pis si le sang doit couler pour ça...
[...] Un monde où le consommateur a remplacé le citoyen, où le divertissement supplante le réalisme et la réflexion, où l'égoïsme règne me semble favorable à la droite nouvelle, qui d'ailleurs le facilite et l'entretient, car ses valeurs comme ses intérêts sont associés à la réussite de la consommation et de la mondialisation de l'économie, pleine de promesses.
En ce sens, j'avance l'idée que cette droite nouvelle, consommatrice, people, médiatique, liftée, acoquinée aux chaînes de télévision, appelant à gagner plus d'argent, défendant les petits propriétaires, décrétant comme ringardes les idées d'égalité et de solidarité, méfiante envers les pauvres et les immigrés, est plus proche des intérêts immédiats des gens, plus adaptée à l'ambiance générale de l'époque, plus " naturelle " en quelque sorte. Et c'est pourquoi elle gagne.
Face à elle, la gauche semble n'avoir rien compris au véritable bouleversement "civilisationnel" de la victoire de l'individualisme et de la consommation, s'accrochant à ses seules idées sociales.
Il faut ajouter que défendre les idées de justice, de solidarité, d'aide aux démunis et se préoccuper du long terme et de l'avenir de la planète apparaît aujourd'hui comme une attitude difficile, courageuse, mais hélas contraire à l'intérêt égoïste de court terme. Cela coûte, exige des efforts. C'est pourquoi la gauche perd. [...]
(Extrait d'une interview de Raffaele Simone, auteur de
Le Monstre doux. L'Occident vire-t-il à droite ?, publié dans
Le Monde Magazine du 12 septembre. Une saine lecture vivement conseillée.)