Premièrement je pense que le gouvernement a vraiment foiré sur ce coup-là ... c'est quand même n'importe quoi de s'y prendre si tard alors que tout le monde sait qu'il y a une échéance depuis des mois. Je ne sais pas comment tout cela va finir, mais j'espère pour eux qu'ils ont bien conscience que les sensations politiques ca ne leur donne la trique qu'à eux et pas à leurs électeurs.
Ensuite, je pense que cette incapacité à trouver une solution à BHV est symptomatique du fait que les classes politiques francophones et néerlandophones du pays n'arrivent plus, ou très peu, à réellement travailler ensemble pour trouver des solutions équilibrées. Je ne sais pas si la cassure est également aussi profonde au niveau de la population, mais je ne vois pas d'unité à part quand il s'agit d'encourager Tom Boonen ou Justine et Kim (ne parlons pas des Diables vu l'actualité de ce côté là). Je pense que l'exemple de Tarouk est relativement exceptionnel même si il est encourageant.
Soyons honnête, les revendications des deux côtés sont totalement inacceptables pour l'autre communauté. Les flamands n'obtiendront jamais une scission négociée de BHV sans lacher un gros morceau aux francophones (et particulièrement au MR/FDF), et ces derniers ont des exigences impossibles comme le rattachement de certaines communes à BXL. Il ne faut pas s'appeler Nostradamus pour se rendre compte qu'une telle exigence est complètement imbuvable pour les néerlandophones dans le climat actuel. Si nous avions été dans un climat de confiance et de bonne entente, qui sait, mais au milieu d'une guerre froide entre communautés, irréaliste ! Les communautés ne se comprennent pas/plus, il suffit de voir la différence de vision du problème au Nord et au Sud. Il est symptomatique de voir le pourcentage de Wallons qui ne réalisent même pas l'importance de régler le problème ... parce qu'eux le trouvent insignifiant.
De plus, même si le contexte historique est utile pour comprendre le pourquoi de l'existence de BHV et tutti quanti, la plupart des gens (et certainement les politiciens) aujourd'hui ne voient ca que comme une lutte de principe, un rapport de force ... les flamands contre les wallons ... et celui qui gagnera sera celui qui enculera le plus l'autre. Dans ce contexte, inutile de préciser que la lutte sera âpre et que ca ne permettra pas de retisser un lien entre les communautés. Dans un monde parfait, on s'imaginerait une solution où tout le monde sort gagnant, mais dans le monde réel, la victoire consiste à battre son adversaire ... et voilà de quoi il s'agit ici. Il ne s'agit plus de coopération mais de lutte. Qui est vraiment étonné de l'issue quand on voit le cinéma ininterrompu du FDF, de la NVA et du VB ?
Je pense personnellement que dans une monde parfait il n'y aurait pas de frontières. En conséquence, tout mouvement nationaliste m'est au mieux indifférent, au pire à combattre (mais en aucun cas violemment). Ceci dit, je suis attaché à la Belgique, non par raison, mais émotionnellement. Elle m'a accompagné lors de ma jeunesse, fait partie de mon identité (et ici je ne cause pas d'identité nationale, juste de la mienne), de ma culture, de mon éducation et son avenir m'est précieux, même si je le vois depuis l'autre côté de l'Atlantique actuellement. Voir ce que ce pays est devenu au fil des années me rend un peu triste ce soir, même si on devrait commencer à être habitué. Surtout, je ne vois pas de raison d'être optimiste concernant le futur. Les communautés apprennent de moins en moins la langue de l'autre pour de bonnes et de mauvaises raisons et le fossé entre elles grandit inlassablement. Il est évident qu'il est ridicule de devoir connaitre 3 ou 4 langues pour assurer sa réussite dans la vie et ce n'est pas raisonnable d'exiger cela de sa population. Cependant, la non-connaissance de la langue de l'autre communauté entraine un fossé culturel et relationnel qui favorise la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui ... voulons nous continuer à vivre dans un pays unifié mais dont on ne fréquente pas ou peu une partie de la population ? Ou voulons nous nous débarrasser de ces conflits et continuer nos chemins séparément mais dans un calme relatif ? Rationnellement je pense que la meilleure solution est la deuxième, même si économiquement ca sera dur au début. Emotionnellement je préfère la première. En tant que scientifique je devrais donc pencher pour la première solution ... mais vivre, c'est une suite ininterrompue d'émotions ... alors quid ? Finalement, est-ce qu'un confédéralisme serait l'unique solution qui combinerait les deux ? Je n'en suis pas convaincu, mais le "problème" Bruxellois rend impossible à mon sens toute séparation "pacifique" du pays. Espérons qu'on n'aura jamais des gusses pour penser que l'établissement d'une ligne imaginaire sur un morceau de papier vaut la peine de verser la moindre goutte de sang.