NewB réunit son assemblée générale. La banque éthique présente des chiffres décevants. Elle doit lever
40 millions d'euros d'ici septembre pour poursuivre sa route.
L'assemblée générale de NewB , qui se réunit ce samedi, marque une
étape décisive dans le développement de la banque éthique. La direction y présente ses chiffres, qui sont peu flatteurs. Elle doit remobiliser ses coopérateurs, puis convaincre les investisseurs que son projet tient toujours la route.
Les dirigeants de la banque ne s'attendent pas à une assemblée générale chahutée. "Nous avons reçu des questions, mais il s'agit généralement de demandes d'éclaircissements. Les coopérateurs se posent des questions légitimes, mais
je ne sens pas de méfiance", commente Bernard Bayot, président du conseil d'administration de NewB.
Embryon de banque
17.000 CLIENTS
NewB compte 17.000 clients. Elle doit en convaincre 100.000 de plus d'ici à 2025 pour atteindre l'équilibre financier.
Né en 2011, peu de temps après la crise financière, le projet NewB vise à lancer une banque "différente": sociale, éthique et durable. Plus de dix ans plus tard, NewB en est encore
au stade embryonnaire. Elle a obtenu sa licence bancaire début 2020 et compte aujourd'hui 17.000 clients.
Pour respecter sa feuille de route, elle doit attirer 100.000 clients supplémentaires d'ici à 2025. Faute de quoi elle risque de ne jamais atteindre l'équilibre financier.
"Nous sommes sur un business model de volume. Nous n'allons pas dégager de grosses marges sur certains produits pour équilibrer nos comptes."
Partager sur Twitter
THIERRY SMETS
CEO DE NEWB
"Nous sommes sur un business model de volume, confirme Thierry Smets, CEO de NewB. Nous n'allons pas dégager de grosses marges sur certains produits pour équilibrer nos comptes." Ce serait contraire à la philosophie de la banque éthique, qui se veut transparente sur ses prix de revient et qui pratique ce qu'elle appelle le prix conscient.
Les clients payent en fonction de leurs moyens. Tout
l'inverse des banques traditionnelles, à l'égard desquelles Thierry Smets (ancien de Puilaetco) se montre très critique : "Si elles affichent des performances record, c'est parce qu'elles vont chercher l'argent dans la poche des clients, qui se font tondre", attaque le CEO de NewB.
"Les clients des banques traditionnelles se font tondre."
Partager surTwitter
THIERRY SMETS
CEO DE NEWB
Depuis son lancement officiel, NewB a développé une
offre de produits assez limitée. Elle propose tout d'abord un compte courant, une carte de paiement et un compte d'épargne à 0 %. Ces services basiques ne rapportent rien ou presque à la banque.
À côté de cela, elle propose
des produits d'assurance via des partenaires, mais les ventes sont timides. L'assureur français Monceau, qui a investi 10 millions d'euros dans la banque éthique, se plaint des faibles performances commerciales de cette activité et
ne remettra pas au pot dans le cadre de la nouvelle levée de fonds.
Le public à la rescousse
Pour assurer la poursuite de son business plan sur les quatre prochaines années,
la banque doit étoffer son capital. Elle cherche à lever 40 millions d'euros, un montant fixé en accord avec la Banque nationale de Belgique, qui doit couvrir les besoins de NewB en fonds propres.
Des investisseurs privés et publics ont été sollicités par NewB, à commencer par les investisseurs institutionnels de la première heure (Finance&Invest.Brussels, Smart, UCLouvain, ULB, SRIW...). Sans succès jusqu'à présent.
La direction de NewB reste cependant confiante et lance un
appel du pied aux pouvoirs publics : "NewB a été portée par un mouvement citoyen, qui a permis de lever 35 millions d'euros. Aujourd'hui, il serait logique que les autorités apportent leur soutien à un projet qui s'aligne sur des priorités sociales, locales et environnementales. NewB est un outil que les pouvoirs publics pourront utiliser demain au service de leurs projets", estime Bernard Bayot, président du CA de NewB.
LIRE AUSSI
Rénovation: pouvez-vous bénéficier d’un prêt vert, et à quel tarif?
Si elle parvient à se remplumer, NewB pourra
amorcer la pompe des crédits verts. La banque éthique veut proposer à ses clients des lignes de crédits pour leur permettre d'améliorer les performances énergétiques de leur habitation. Le gain sur leur facture d'énergie est censé être supérieur au coût du crédit. "C'est une solution innovante qui n'existe pas sur le marché bancaire belge", assure Thierry Smets, CEO de NewB.
Convertir les coopérateurs en clients
Le challenge de NewB est de transformer ses coopérateurs en clients, ce que la banque n'a pas encore réussi à faire.
Sur 117.000 coopérateurs qui soutiennent la banque, moins de 15% ont acheté un produit NewB. "La force de NewB, c'est son modèle coopératif, son côté local belgo-belge et son positionnement ESG (NDLR social, éthique et durable). Cela a parlé à la conscience de beaucoup de coopérateurs commente Brice Boland, managing partner du bureau de consultance Initio. Mais convaincre un client de changer de banque, c'est encore autre chose."
"Toutes les banques proposent aujourd'hui des produits ESG. Le marché est saturé et occupé par de gros joueurs."
Partager sur Twitter
BRICE BOLAND
MANAGING PARTNER D'INITIO
D'autant que, depuis la genèse du projet, le secteur bancaire n'est pas resté les bras croisés. "Toutes les banques proposent aujourd'hui des produits ESG. Le marché est saturé et occupé par de gros joueurs", poursuit Brice Boland.
Difficile de se différencier, surtout lorsqu'on est un petit acteur peu connu. "La pression régulatoire et la difficulté de recruter des talents ne jouent pas non plus en faveur de NewB", analyse un fin observateur du secteur bancaire belge.
Du côté de la banque éthique, on garde le cap. Sans nier les difficultés : "
C'est plus compliqué de créer une banque qu'une épicerie, sourit Bernard Bayot. Mais je suis convaincu que c'est l'heure de NewB."
Le résumé
- NewB réunit son assemblée générale.
- La banque présente des chiffres décevants.
- Son modèle de banque éthique et durable peine à convaincre les investisseurs.
- Elle doit lever 40 millions d'euros d'ici septembre pour assurer la poursuite de son business plan.