Alors, après 4 semaines sans enfiler les chaussures de running (hormis samedi pour être sûr que ce soit raisonnable de faire la route), me voilà sur la ligne de départ du semi-marathon de Bruxelles.
Pas serein pour un sous, je suis mitigé entre "
chouette on va courir" et "
pourquoi je n'ai pas annulé", mais je suis là dans le fond du box 1h40-1h45 (parce que je ne veux pas directement aller dans le box 1h50-1h55). A l'inscription je m'étais fixé comme objectif 1h45, je vais essayer d'y aller tout de même au mental (mais quel mental, malheureusement).
Neuf heure sept le départ est donné, on est (enfin) parti.
Oups, à 500m du départ un coureur à déjà perdu une flasque, le pauvre il va avoir soif.
Sept cent mètres, premier virage et mon cerveau se mets déjà en route aussi et c'est le côté pessimiste malheureusement qui prend le dessus alors que les jambes sont relativement biens, elles ne sont pas lourdes, aucune douleurs ni mauvaise sensation, j'essaie de positiver en me disant que l'entrainement vélo sera bénéfique tant pour les jambes que pour le cardio et on avance.
Les trois premiers kilomètres sont plats et avalé bien sous les 5'/km (14'3
. C'est bien, si ça continu de la sorte je vais pouvoir aller chercher l'objectif facilement, surtout que j'ai une tendance à faire du négative split, que pour l'instant j'ai l'impression d'être sur la retenue pour compenser le manque d'entrainement.
A peine un sourire esquissé que ça monte. Et merde, j'ai déjà plus envie de courir. J'ai vraiment du mal à me motiver et pourtant je veux y aller. Je sors le téléphone et je fais quelques photos en courant, tant qu'à être là, autant jouer les touristes pour me ressaisir (distraire mon côté négatif) un peu.
Kilomètres 5 et 6 on monte et on descend en passant dans le parc de Laeken, on croise les premiers qui sont déjà sur le km8 ou 9. Merde, la vessie qui commence à réclamer, tout juste un ravito et des toilettes à disposition, une trentaine de secondes de pause et on y retourne.
Passage juste après dans le stade Roi Baudouin avec un tour de piste avec la musique à fond, là ça booste bien le moral, on est reparti sur des 4'50/km, mais malheureusement ça ne dure pas, le moral dans les chaussettes (
chaussettes licornes pourtant) reprend le dessus et plombe le corps.
On passe l'Atomium (et oui, ça monte encore bordel) après avoir croisé ceux qui sont entre les km6 et 7, ils sont super nombreux, beaucoup plus que ceux qu'on a croisé quand on y était. Là ça fait du bien au moral (et à l'égo). Petit message de madame qui s'était alignée sur le 7km alors qu'elle vient de commencer à courir début du printemps (elle n'aime pas trop courir normalement, est-ce que j'aurais réussi à l'intoxiquer à force ?) pour dire qu'elle a fini en établissant son PR en moins de 45'.
On passe la tour japonaise et le palais chinois, ça je connais, ça descend jusqu'au BRYC (on y mange bien celà dit en passant), alors on y va. A ben non, on n'y va pas, ça descend et les jambes ne peuvent pas aller plus vite, c'est d'autant plus frustrant que de passer le km10 à 50'30 et donc bon pour l'objectif de 1h45 (même si j'y crois moyen ce dimanche).
Aller on se concentre sur la musique (ah oui, j'ai mise en route avant le départ cette bonne playlist rétro house et je ne l'ai pas encore écouté pour me remonter le moral, c'est le moment, j'en ai encore une fois besoin).
C'est bon les km11, 12 et 13 passent facile sous les 5', chouette.
Enfin, chouette, on va pas se réjouir trop vite, passé Docks on arrive à la station Demolder (?) et ça a tendance à ne pas être très plat. Et on enchaîne les km14, 15 et 16 sur un putain de faux plat qui n'en finit pas, je souffre à du 5'27 sur les 3 kilomètres et me fais dépasser par un nombre incalculable de coureurs et voit l'objectif de temps de plus en plus hors de portée.
Le kilomètre 17 m'achève, je me retrouve à marcher trente secondes pour réussir à manger une petite pate de fruit qui ne passe pas, on arrive à Montgomery, ça veut dire que maintenant c'est tout droit jusqu'à l'arrivée. On essaie de faire abstraction de tous ces gens qui nous dépassent, a mon dernier semi j'étais préparé et c'est moi qui était à leur place et qui dépassait avec le sourire. Le sourire, on essaie de le retrouver, ça va chasser les idées noires et on se concentre un peu sur la musique (je l'oublie tout le temps celle là, pourtant elle m'aide). En effet, l'allure accélère sur le km 19 et 20.
On arrive sous le cinquantenaire par le tunnel Loi, on étouffe clairement, on s'en rend compte dans la partie aérienne entre les deux tunnels.
A on voit le bout du calvaire, le parc royal est là au bout de ce km21. Ha ça tourne sur la rue Ducale, voilà km21 passé on fini sur la place des Palais. Avec la fatigue je me retrouve à courir au ralenti sur les pavés de peur de me faire mal aux chevilles, ce serait con.
Un petit "Attention à la mousse" habituel pour mon ami
@Digitql et c'est la fin du calvaire.
Et on suit le parcours dans le parc pour sortir, je suis vidé, j'ai presque envie de pleurer sans savoir si c'est de joie d'avoir fini ou d'épuisement, je n'avais jamais ressenti ça.
Récupération de la médaille, arrêt au stand gravure
(j'espérais garder un souvenir de mon PR d'une heure quarante cinq) et là je découvre mon chrono (j'avais arrêté ma montre mais pas encore regardé - trop fatigué pour m'y intéressé) avec un honorable 1:50:06 (mon deuxième record finalement).
J'avais déjà souffert sur une sortie, mais là c'était à la fois physique et moral, devoir se battre contre son corps c'est déjà pas top, mais en plus devoir se convaincre soit même qu'on peut y arriver, je n'avais jamais eu et j'espère ne jamais plus avoir sinon je change de sport clairement (les fléchettes ou le billard, j'hésite).
Finalement, je retrouve madame, on fait une petite photo souvenir devant le palais royal
(putain il y a un mec à moitié à poil en arrière plan, merci au gars qui nous a pris en photo d'avoir bien cadré) et on retourne à l'hôtel pour prendre sa douche et plier bagages. Chose faite on prend la route de la gare centrale en passant le long du parcours rue de la Loi. Quelle horreur de voir les derniers coureurs du semi qui se font dépasser par des mecs qui font le marathon et qui sont partis 45 minutes plus tard.
On encourage quelques concurrents du semi parce qu'ils en ont bien besoin et le mérite.
Arrivée gare centrale avec le gros sac à dos je bloque devant les escaliers et je me retrouve à descendre comme un vieux qui a peur de tomber. J'ai trop mal aux cuisses
.
Mais je ne suis pas seul, plein de monde avec sa médaille dans les allées (j'aurais dû la mettre aussi, ça aurait expliqué ma démarche).
Le top c'est la correspondance à Gant où il a fallut courir entre les deux voies et les escalier évidemment avec les sacs à dos. Arrivé dans le train j'ai cru que j'allais mourir.
Après ce tableau relativement sombre de cette aventure, il y a tout de même pas mal de positif.
D'abord l'organisation était exceptionnelle, d'un professionnalisme impressionnant. Même si le parcours n'est pas top, je pense que je le referais juste pour le plaisir de cette organisation.
Je ne veux pas rester sur une mauvaise expérience sur cet évènement, il faut que je le fasse avec le sourire comme à mon habitude lorsque j'ai mis mes chaussettes licornes.
Ce matin j'ai mal aux jambes, mais c'est la douleur typique d'un effort intense, pas d'une blessure ou autre, donc on est bon pour rechausser assez vite les basquettes.
J'ai été impressionné par le niveau des participants, j'ai rarement participé à une course où je ne vois pas de gens marcher ou ne pas avancer. Ici j'était un des rare dans le cas.
Voilà, premier tiers du classement général et première moitié de la catégorie M40 (pas encore M50 bande de
)
Madame c'est l'inverse, première moitié du général et (presque) premier tiers du F40. Mais elle, elle marche normalement aujourd'hui.