RBC9
Elite
"Critique d'Israël = antisémitisme" :
[Pour simplifier, le mot antisémitisme est employé ici comme synonyme de judéophobie, ce qui est loin de correspondre à son sens étymologique.]
Pareille affirmation peut sembler logique si l'on part du postulat judaïsme = Israël, lequel constitue le credo des inconditionnels du sionisme. Cette équation péremptoire permet d'étouffer toute discussion, toute différenciation; elle permet de faire passer et de justifier les pires excès. Mettre en doute le bien-fondé de la politique du gouvernement d'Israël, c'est automatiquement attaquer tous les Juifs. Cette démarche totalitaire est celle suivie par un de nos pseudo-philosophes qui va jusqu'à affirmer que l'antisionisme est un paravent derrière lequel se cachent ceux qui n'osent pas encore crier ouvertement "Mort aux Juifs !" Rien de moins...
Cet enragé fait tellement l'amalgame entre les mots juif, sioniste et israélien qu'il ne parvient pas à imaginer que quelqu'un d'autre puisse établir une distinction entre ces termes, ce qui est somme toute absolument normal.
Là où la situation devient particulièrement cocasse, c'est lorsqu'un Juif se hasarde à formuler une critique. Faut-il aussi le traiter d'antisémite, ou est-il tout simplement un traître ? Un terme anglais très courant dans les milieux pro-israéliens est celui de "self-hating Jew" *, assez mal rendu en français par "Juif honteux".
* L'expression est très modérée. Le journaliste anglais Robert Fisk rapporte qu'un de ses collègues, américain et juif, après avoir dit la vérité sur les crimes israéliens de Jénine en avril 2002, s'est vu qualifier de "mother-fucking-asshole-self-hating Jewish piece of shit" par un fanatique du lobby sioniste. Détails
Jérusalem-Ouest - octobre 2003 :
" Sharon est en train de détruire Israël "
Antisémites ou Juifs honteux ?
Cette "autophobie juive", cette haine de soi-même et des siens, serait en quelque sorte un phénomène pathologique relevant de la psychiatrie. Les docteurs du sionisme classent ainsi leurs adversaires en deux catégories: les antisémites et les malades mentaux.
Parmi ces derniers, il faudrait donc compter Noam Chomsky, professeur au MIT de Boston, qui déclare dans un appel signé avec d'autres intellectuels: "En tant que Juifs, nous devons exiger qu'il soit mis fin à la guerre contre les Palestiniens et à l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza. Nous devons exiger que soit reconnu le droit des Palestiniens à l'autodétermination et que cesse l'apartheid israélien. Il n'est pas dans notre intérêt de laisser se perpétuer une situation qui engendre de façon permanente résistance et bains de sang. Etre solidaire des Palestiniens, c'est en fait être solidaire des Juifs."
Ou le pianiste et chef d'orchestre Daniel Barenboim (à l'occasion d'un concert donné en août 2003 à Ramallah, dans les territoires occupés) : "Je crois fermement que l'avenir du peuple juif et de l'Etat d'Israël dépend de la création d'un Etat palestinien viable."
Ou Alain Finkielkraut (pour une fois qu'il est lucide, ce qui est très rare), lorsqu'il écrit dans Le Monde du 18 décembre 1996 sous le titre "Israël : la catastrophe", à propos de l'élection de Nétanyahou : "Avec ce nouveau gouvernement, le langage de l'apartheid sort de la clandestinité... Pour le dire plus crûment, il y a des fascistes juifs en Israël, mais aussi en Amérique et en France... Voilà pourquoi on est fondé à parler de catastrophe spirituelle."
Ou le professeur Moshé Zimmerman, de l'Université Hébraïque de Jérusalem, qui précise: "Il y a un secteur entier de la population juive que je définis sans hésitation comme une copie des nazis allemands. Regardez les enfants des colons juifs d'Hébron, ils ressemblent exactement à la jeunesse hitlérienne. Depuis leur enfance on les imprègne de l'idée que tout Arabe est mauvais, et que tous les non-Juifs sont contre nous. On en fait des paranoïaques: ils se considèrent comme une race supérieure..."
Ou Gilad Atzmon, saxophoniste israélien vivant à Londres, qui fustige la mentalité victimaire soigneusement entretenue dans les milieux juifs, et qui ajoute dans un autre de ses textes : "Comme nous le savons tous, le judaïsme moderne et le sionisme s'attachent à cultiver dans l'esprit des non-Juifs un sentiment de culpabilité".
Ou Norman Finkelstein, auteur de L'Industrie de l'Holocauste - Réflexions sur l'exploitation de la souffrance juive qui écrit: "On utilise le génocide nazi pour justifier la politique criminelle de l'Etat d'Israël et le soutien des Etats-Unis à cette politique."
Ou Naomi Klein, auteure du livre et fondatrice du mouvement No Logo, dans un journal de Toronto: "Israël ne devrait pas seulement accorder la liberté aux Palestiniens, il devrait l'accorder aussi à son propre peuple, et en particulier à ses femmes."
Ou l’historien français Maurice Rajsfus, responsable de Ras-le-Front, sur France 3: "Je participe à cette manifestation de soutien à la Palestine parce que je suis juif, que mes parents ont disparu à Auschwitz et qu'il m'est insupportable que des descendants des rescapés du génocide se comportent comme des colons vis-à-vis des Palestiniens."
Ou Uri Avnery, journaliste et écrivain israélien, fondateur de l'organisation pacifiste Gush Shalom: "Pour la sécurité des colons juifs, rapatrions-les en Israël et remettons aux réfugiés palestiniens les colonies des territoires occupés."
Ou son collègue Israël Shamir: "Nos grands-parents haïssaient la Russie tsariste, la terre des pogroms, mais ils ont fini par en avoir raison. Pourtant, cent ans de pogroms contre les juifs ont fait moins de victimes que nous n’en assassinons en une semaine. Le plus effroyable des pogroms, celui de Kichinev, a fait 45 morts et 600 blessés. Ces dernières semaines, en Israël, 300 personnes ont été tuées et plusieurs milliers blessées."
Ou Stanley Lewis Cohen, avocat new-yorkais : "Ce que fait Israël est mille fois plus répugnant, moralement, que ce que fait le Hamas."
Ou Ronald Bleier, écrivain new-yorkais : "La racine du problème réside dans le fait que le sionisme considère les Juifs - et eux seuls - comme des citoyens de première classe." (Dans le texte suivant In the Beginning, there was Terror - format pdf - Bleier met en évidence la continuité de la stratégie israélienne depuis 1946 : racisme, terrorisme, provocations, expansionnisme, mystification de l'opinion américaine et internationale... )
Ou Tony Judt, historien anglais et professeur à Oxford : "L'Etat d'Israël est devenu un anachronisme."
Ou Michel Staszewski, professeur à l'Université libre de Bruxelles et animateur de l'Union des Progressistes Juifs de Belgique : "Le rêve sioniste s'est concrétisé en un interminable cauchemar." Lire son article
Ou Oona King, députée travailliste britannique, après une visite à Gaza en juin 2003 : "Ironie du sort que les fondateurs de l'Etat juif n'auraient certainement pas osé imaginer : les rescapés de l'Holocauste ont enfermé un autre peuple dans un enfer qui est semblable - sinon par son étendue, du moins par sa nature - à celui du ghetto de Varsovie."
Ou Gerald Kaufman, également député britannique, dans un discours du 16 avril 2002 : "Il est temps de rappeler à Sharon que l'étoile de David n'est pas la propriété de son répugnant gouvernement, mais qu'elle appartient à tous les Juifs. En faisant ce qu'il fait, il souille de sang l'étoile de David. Le peuple juif, qui a donné au monde civilisé Einstein et Epstein, Mendelssohn et Mahler, Sergueï Eisenstein et Billy Wilder, est maintenant symbolisé partout dans le monde par le brutal fanfaron Ariel Sharon, un criminel de guerre déjà impliqué dans les assassinats de Sabra et de Chatila, et qui est de nouveau en train de tuer des Palestiniens. Sharon n'est pas seulement un criminel de guerre ; c'est aussi un imbécile. Il déclare que Jérusalem ne doit plus jamais être divisée, et pourtant cette ville est plus divisée qu'elle ne l'a jamais éte au cours des trente-cinq dernières années. Autrefois j'allais me promener, faire des courses et dîner à Jérusalem-Est. Aujourd'hui aucun Occidental ou Israélien n'oserait plus faire ça. L'Etat d'Israël a été fondé afin que les Juifs ne soient plus enfermés dans des ghettos ; à présent, l'Etat d'Israël est un ghetto. Israël est devenu un paria international."
Ou Joël Kovel, sociologue américain et un des dirigeants du Parti vert : "Le sionisme use et abuse de l’antisémitisme, qu'il instrumentalise à son profit ; l'antisémitisme lui sert à la fois de poubelle où il jette tous ses détracteurs et de couveuse où peut éclore la peur qui lui permettra de rassembler les Juifs autour de lui." (dans son article Zionism's Bad Conscience)
Ou le rabbin Michael Lerner, de Washington DC : "Je vous promets que dans deux siècles, on dira en parlant de notre époque que le peuple juif s’y est conduit de façon méprisable, et que ce qu’il a fait subir au peuple palestinien était profondément et terriblement honteux…"
Ou Michael Neumann, professeur de philosophie à l’Université Trent de Peterborough, Ontario (Canada), dans son article What is Antisemitism ? : "L’authentique antisémitisme a fait son apparition au Moyen-Orient en même temps que le sionisme. Il disparaîtra lorsque le sionisme cessera de constituer une menace expansionniste." Dans un autre article, Neumann écrit : "Le lobby israélien constitue une menace sérieuse pour la sécurité des Etats-Unis."
Ou le journaliste Philip Weiss, dans le quotidien New York Observer : "Les juifs et la droite ont conclu une alliance - sacrée ou non, c’est une autre question - et ensemble, ils poussent à la guerre."
Ou encore Shlomo Sand, historien de Tel Aviv, dans Le Monde du 4 janvier 2002: "Je fais partie des Israéliens qui ont cessé de revendiquer pour eux-mêmes des droits historiques imaginaires: si l'on invoque, en effet, des frontières ou des 'droits' remontant à deux mille ans pour organiser le monde, nous allons le transformer en un immense asile psychiatrique. De même, si nous continuons à éduquer les enfants israéliens sur la base d'une mémoire nationale à ce point contrefaite, nous ne parviendrons jamais à un compromis historique durable. [...] Jusqu'en 1948, les colons juifs peuvent être considérés comme des réfugiés apatrides. A partir de 1967, les colons qui vont s'installer dans les territoires occupés proviennent d'un Etat qui leur assure une souveraineté. Ce n'est pas la première fois ni, semble-t-il, la dernière que des persécutés deviennent persécuteurs."
On pourrait citer ainsi des centaines d'autres personnalités juives. Voici encore deux articles parus dans Le Monde. Le premier est du cinéaste israélien Eyal Sivan: La dangereuse confusion des juifs de France; l'autre d'Henri Israël, maire adjoint de Fresnes (Val-de-Marne): Français seulement.
Soutenir Israël ? Pas en notre nom ! Une vingtaine d'intellectuels juifs français, dont l'historien Pierre Vidal-Naquet, solidaires du peuple palestinien face à la politique criminelle de Sharon.
Sur l'opposition juive au sionisme, lire ici un article d'Edward C. Corrigan.
Israel, Judaism and Zionism : dans un discours prononcé à l'Université de Birmingham le 26 février 2003, le rabbin orthodoxe Ahron Cohen explique pourquoi il rejette le sionisme et l'existence de l'Etat d'Israël, et condamne les crimes commis contre les Palestiniens.
Le Central Rabbinical Congress, une organisation de juifs orthodoxes des USA et du Canada, explique dans le New York Times pourquoi il condamne le gouvernement israélien et ses guerres. Le journal new-yorkais, aux mains des sionistes, n'a accepté de publier ce communiqué que sous forme de "publicité" payante.
Comme l'a reconnu l'ONU en novembre 1975 dans sa résolution 3379, "le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale." La conférence de Durban (Afrique du Sud) tenue par l'organisation internationale en septembre 2001 a clairement confirmé cette constatation - avec les réactions que l'on sait de la part des jusqu'au-boutistes pro-israéliens. (N'est-il pas étrange, à ce propos, que la fameuse "communauté internationale", toujours invoquée quand elle ratifie sans broncher les décisions prises par les "grands", devienne subitement quantité négligeable et méprisable lorsqu'elle exprime une évidence désagréable pour ceux-ci.)
Poster de la conférence de Durban
Sur les mythes raciaux du sionisme lire ici Sionisme et apartheid en Israël par Rabha Attaf.