Otages des FARC : espoir prudent en Colombie après l'intervention de Chavez
En Colombie, les familles des otages retenus par les FARC ont accueilli mardi avec espoir l'implication du dirigeant vénézuélien Hugo Chavez dans cet épineux dossier, même si la réaction de la guérilla marxiste demeure incertaine.
M. Chavez a lancé lundi soir à Caracas un appel à son homologue colombien, Alvaro Uribe, et au chef historique des Forces armées révolutionnaires de Colombie, Manuel Marulanda, pour faciliter l'échange des 45 otages réclamés par les FARC contre la libération de 500 des leurs emprisonnés.
Auparavant, le président vénézuélien, un socialiste ouvertement apprécié par la guérilla, avait reçu au palais présidentiel des proches d'otages, dont la mère de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, ex-candidate des Verts à la présidentielle colombienne, enlevée en février 2002.
Parmi ses hôtes, la mère de Clara Rojas, la directrice de campagne d'Ingrid Betancourt, qui fut séquestrée avec elle, a affirmé que le président vénézuélien s'était montré "très engagé" au cours de la réunion.
M. Chavez "m'a juré qu'il essaierait jusqu'au bout", a affirmé Clara Gonzalez, interrogé à Caracas par la presse colombienne.
"Nous savons que les FARC ont du respect pour Chavez", a souligné pour sa part Yolanda Pulecio, la mère d'Ingrid Betancourt, convaincue que l'Europe soutiendrait sans réserve toute initiative vénézuélienne.
Selon Angela de Perez, épouse d'un sénateur colombien séquestré depuis six ans, le dirigeant vénézuélien, proche du leader cubain Fidel Castro, "détient l'autorité morale pour s'adresser aux FARC car il a mené un processus révolutionnaire à travers la voie démocratique".
Proche de M. Chavez, la sénatrice colombienne d'opposition Piedad Cordoba, désignée comme médiatrice la semaine dernière par Bogota, s'est déclarée confiante mardi.
"Ce n'est pas une question simple mais nous espérons une réponse rapide" de la guérilla, a déclaré à la presse Mme Cordoba, à l'origine de l'intervention de Caracas.
Toutefois, la médiation vénézuélienne ne change rien au fond du dossier. Le président colombien, ennemi acharné de la guérilla, n'a cessé de s'opposer avec les FARC sur les modalités d'un échange humanitaire, refusant en particulier l'instauration d'une zone démilitarisée exigée par les rebelles.
L'ex-représentant du gouvernement pour la paix, Camilo Gomez, qui participa aux négociations avec les FARC avant l'arrivée au pouvoir de M. Uribe, admet que l'action de Chavez est "intéressante", mais note qu'elle reste suspendue à la question de savoir si la guérilla a "une réelle volonté de négocier".
M. Gomez fait en outre observer que le président vénézuélien risque de heurter certains milieux conservateurs colombiens, voyant dans ce dirigeant anti-américain "un allié de la subversion qui veut déstabiliser la région".
En dépit de la sympathie des FARC pour M. Chavez, il est "très difficile de prévoir si ce respect va entraîner un changement" dans leur hostilité envers l'actuel chef d'Etat colombien, souligne la revue colombienne Semana, affirmant que l'introduction du Venezuela dans le jeu est un "pari très risqué".
source: AFP