Personnellement, je le vis entre "mal et bien".
Après mes études, je n'ai rien trouvé comme job pendant un moment, donc chômage. Là c'était l'éclate avec les potes, sorties sur sorties, surtout quand j'ai eu droit au chômage d'attente (qui était de 350€ à l'époque) qui m'a permis de me débrouiller un peu sans l'argent des parents.
Ensuite est venu les premiers jobs (de merde ceci dit, ranger des rayons, ce genre là), et les premières folies d'achats des premiers salaires (qui n'étaient pas bien folichons).
Puis re-chômage (tjs 350€, vu que c'était des contrats d'intérim non temps plein), là la différence avec le salaire s'est faite ressentir mais ça allais, et comme tous les jeunes j'étais "tranquille la vie, le taf ça se trouve facilement".
Ensuite un an et demi dans une boite en temps plein, puis viré comme un mal-propre (merci les call-center... ) car plus droit au plan emploi. Mais bon, ça m'a permis d'être admis au chômage complet (j'avais donc plus ou moins 1000€ par mois pendant un an et ensuite ça a chuté car j'étais cohabitant chez mes parents)... Donc je l'ai bien vécu aussi, vu que l'argent était là (même si j'avais 500 à 600€ de moins qu'en bossant) et que je n'avais pas la corde au coup.
J'ai retrouvé après 10 mois du travail encore en temps plein (encore en call-center), qui n'a duré que 6 mois (encore viré pour raison de plan emploi qui ne leur rapportait pas assez). Le soucis c'est que 6 mois c'est trop court, donc ça n'a pratiquement pas reprolongé mon droit au chômage complet et après 1 mois de chômage ça à dégringoler à 700€...
Je me suis donc dit "merde, ras le bol des call-center, je vais me diriger vers une formation IT qui prouvera mes compétences en informatique" (vu que je suis autodidacte comme bcp depuis tout jeune). J'ai donc fais une formation de presque 1 an a Technifutur (Liège - Sart Tilman) en tant que gestionnaire PC et réseaux.
Après cette formation et le stage, les candidatures ont volées pour trouvé un emploi dans le domaine, mais avec aucuns succès (très peu de réponses, très peu d'entretiens). La grosse majorité du temps quand j'avais une réponse ou un entretien, on me rétorquais ensuite que mes connaissances n'étaient pas assez vastes (en gros, il faut TOUT connaitre, ce qui correspondrais à 2 bacheliers différents limite, ou 3 voir 4 formations... Tout ça pour des salaires pas plus élevés que ce que j'ai pu faire comme job par le passé sans toutes ces connaissances).
Là, je suis à 500€ par mois de chômage complet en tant que cohabitant avec ma compagne (heureusement qu'elle a un CDI... ). Les mois sont très serrés, après avoir mis une partie dans la bouffe et les charges (je ne sais même pas assumer une partie du loyer... ), la recharge de téléphone, mon assurance et plein auto, mutuelle, syndicat, salle de sport... Il doit me rester entre 100 et 150€ maximum pour pouvoir prendre un truc ou l'autre à manger au magasin sans devoir prendre la carte de ma compagne, boire un verre quand on va se balader le dimanche etc...
Si j'ai un truc genre la taxe auto qui tombe, ou une chaussure qui rend l'âme, c'est tout de suite une série de calcule pour être sûr de ne pas finir avec 0€ sur le compte.
Bref, je le vis vraiment mal, surtout que les candidatures reviennent tjs sans réponses (ou avec une négative au bout de 2 mois certaines fois !). Et pourtant, je suis tellement désespérer que je postule dans tout ce que je suis capable de faire (par mes connaissances ou mes expériences passées) tel que vendeur, call-center (mais j'ai fais les principaux de liège, donc c'est mort), administratif, et même des fois des trucs rien à avoir comme homme d'entretien, etc...
Je vais avoir 30 ans, j'ai passé plus de temps au chômage qu'à bosser, tout ça pcq quand je vais me présenter il y a 20 ou 30 personnes pour un poste... Et ils ont tellement le choix lors des entretiens qu'ils te demandent la lune pour 1200€ par mois et des horaires de merde... Malgré le fait que souvent je trouve l'emploi "pas top", je ne le montre pas et me montre enthousiaste et "prêt à tout pour l'entreprise" mais ça se joue pratiquement toujours sur les plans emplois (c'est une saloperie ces trucs là) et le fait de savoir faire 200% du boulot pour un salaire ultra basic.
Pourtant c'est pas par manque de motivation, des 10aines de candidatures partent chaque mois, autant via des annonces que via des candidatures spontanées (d'ailleurs, on reçois plus vite une réponse via candidature spontanée que via les annonces, ils ont trop de choix via les annonces et ne prennent même plus la peine de répondre).
D'abord, avant toute chose, MERCI. Merci d'avoir pris le temps de répondre réellement à la question que j'ai lancé. Je ne sais pas si tu as lu certains posts, mais on a parlé pas mal de choses (maladie, questions illégales en entretien,...) mais pas encore de l'aspect financier et psychologique de l'étape du chômage. Tu vis avec 500E/mois, pour moi, c'est 400E/mois..... puisque maintenant, c'est selon la tranche d'âge (et que j'ai travaillé moins de 12 mois).
Ce qui m'interpelle dans ton parcours c'est que tu sembles être un gars motivé à se bouger et que tu le fais réellement. Tu as pas mal bossé et dans des secteurs variés. Ton (malheureux) parcours me confirme bien une chose: c'est du pipeau quand le recruteur refuse le poste pour un manque d'expérience probante dans plusieurs secteurs. Comme tu le dis, ce sont des pièges un peu comme les plans emplois dont tu as pu bénéficier pour décrocher des jobs (fussent-ils précaires et fragiles).
Ma conseillère Forem m'a dit de toujours bien préciser que je suis "OPEN" pour un PFI (plan formation insertion) qui est assez juteux pour le patron puisqu'ils te paient une partie du salaire, le reste étant payé par l'Onem (sauf erreur de ma part). Au début, je le proposais et les patrons eux mêmes ne semblaient pas plus emballés que ça. Puis un jour, je suis tombé sur un patron potentiel du secteur notarial il m'a répondu cash: "Ecoutez, le PFI c'est bien sympa mais pas pour moi. Chez moi, les salaires ne sont pas très élevés mais si je veux choisir quelqu'un, je le fais pour ses compétences et sa personnalité et pas parce qu'il ou elle sera une source de bénéfice économique pour moi. Alors, de vous à moi, le PFI, c'est quand on veut vous tester à moindre coût. Ce n'est pas dans mes intentions, si vous êtes choisie, ce sera pour bosser comme le reste de mon équipe".
La morale de l'histoire c'est que, certes, je n'ai pas été prise chez ce gars mais au terme de l'entretien je l'ai tout de même remercié pour sa franchise (je précise que je n'ai pas été prise car je vivais à plus de 48km de son Etude, il a donc pris une candidate de sa région).
Quoi qu'il en soit, c'est effectivement très dur de trouver un vrai job ayant une certaine constance. Aujourd'hui, c’est presque criminel ou irresponsable, à entendre certaines personnes, de vouloir convoiter un CDI. Parce que sans cela, je suis triste de le dire, on n'a pas d'emprunt à la banque pour acheter son logement. Alors oui, certains diront que louer c'est bien, mais pas de mon point de vue. Pourquoi diable faut-il mettre 700 ou 800E/mois dans la poche de quelqu'un d'autre alors qu'il suffirait de rembourser +/- le même montant à la banque et en fin de compte, devenir propriétaire. Sans contrat CDI ou CDD (1 an ou 2 ans), pas possible non plus d'avoir la garantie de revenus fixes permettant l'acquisition d'une voiture d'occasion en bon état et relativement récent (max 3 ou 4 ans d'âge).
Alors oui, je vois déjà arriver tous les grands objecteurs de conscience pour me dire "Bah qu'est-ce t'as b'zoin d'une voiture si chère ?!". La question, encore une fois, ne tourne pas autour du prix mais autour du pouvoir d'achat. Celui que l'on a eu à un moment donné et qu'on nous a retiré. Le pouvoir de dépenser son argent pour les choses nécessaires et même celles qui le sont sans doute un peu moins.
Ce qui me dérange le plus est d'une part le fait de dépendre financièrement de mon conjoint. Je ne peux plus assumer les charges du ménage et ma situation empêche notre compte commun de se renflouer ne serait-ce qu'un peu. Les fins de mois sont justes et heureusement pour moi (et lui), je ne suis pas une femme ultra dépensière. Je suis raisonnable et j'essaie de faire des courses "discount", je suis toujours à l'affût des bonnes affaires, et mine de rien, ceci nous permet de nous faire plaisir de temps à autre avec un budget plus restreint.
L'autre aspect négatif est le regard des autres. Celui de la conseillère Forem qui te répète à chaque entretien "Bah, faut rester informé surtout. Surtout, restez à l'affût des offres hein. Allez sur notre site tous les jours" (comme si je ne le faisais pas tous les jours).
Puis, il y a les employés de syndicat qui sont censé t'orienter au mieux s'il y a un souci de calcul d'allocation, un retard, une erreur de versement,.... et qui t'envoient littéralement bouler parce que tu as le malheur d'être au chômage. Comme si c'était un choix, comme si c'était le grand bonheur de vivre avec 400E/Mois et de dépendre financièrement de son partenaire de vie pour s'en sortir. Alors, certes, ce n'est peut-être pas grand chose pour ces gens, mais à quiconque méprise un jeune demandeur d'emploi, je lui souhaite du fond du cœur de connaître cette situation. De trimer pour payer ses factures, de se sentir rabaisser dès qu'il prononce le mot "chômeur", et qu'il comprenne enfin que le chômage n'est pas un "job à plein temps" comme certains aiment à le croire.
Je sais qu'il y a des familles entières où on a ce culte du chômage et des allocations du CPAS et c'est à cause de ces rebuts de la société, qui ne cherchent nullement à s'en sortir, que des personnes comme nous sont mal perçues.
Pour ma part, je te souhaite vraiment de trouver un bon job et de sortir de cette précarité et puis au final, c'est aussi tout le mal que je me souhaite